ÉDITORIAL. La majorité du parlement a favorisé un homme rodé à la collégialité et au compromis. Cette pacification de la politique est rassurante au moment où la Suisse, notamment dans le domaine de la sécurité, rencontre des défis majeurs

Plus que jamais, le Conseil fédéral a besoin de sérénité. Les sept sages doivent pouvoir travailler dans un climat apaisé. Cette accalmie peut être apportée par Martin Pfister, le conseiller fédéral que personne n’attendait.

Inconnu du grand public et de nombreux parlementaires fédéraux il y a encore un mois, le Zougois a réalisé une campagne remarquable. Avec modestie, bienveillance et calme.

Cette élection devrait permettre de pacifier les batailles frontales que connaît aujourd’hui le parlement. La majorité des élus ont livré un signal clair: ils ont privilégié un homme de compromis qui pourra jouer un rôle de pivot. Pour l’équilibre de notre système politique, il est fondamental que le débat ait lieu au sein de l’exécutif et que tout ne soit pas joué à l’avance. L’élection de Markus Ritter aurait, elle, signifié un nouveau coup de barre à droite, alors que le gouvernement a récemment enchaîné les débâcles dans les urnes faute de compromis.

Notre portrait: Hier encore inconnu, Martin Pfister est aujourd’hui conseiller fédéral

Un homme d’équilibres

Un Conseil fédéral fonctionne grâce à de multiples équilibres, pas uniquement politiques. Le reflet de la diversité régionale est un argument de poids. Ainsi, depuis 2003, la très dynamique Suisse centrale n’était plus représentée au gouvernement. Cette élection permet également de renforcer le poids des villes et elle apporte un regard différent, celui de l’historien, alors que le monde agricole est lui déjà largement représenté.

Conseiller d’Etat depuis 9 ans, Martin Pfister est rodé à la collégialité et à la recherche du consensus. Certes, il ne connaît pas tous les arcanes de la Berne fédérale, mais comme il l’a montré durant cette campagne, il sait aller vite, très vite et dispose d’un sacré réseau.

Une analyse: La rondeur de Martin Pfister l’a porté au gouvernement

Le sauveur du Centre

Martin Pfister est un homme d’équilibre, il est aussi un sauveur. Tout d’abord pour le Centre dont la campagne pour la succession de Viola Amherd a été chaotique, avec la multiplication de ténors qui n’ont pas osé se lancer dans la course. Courageux et ambitieux, Martin Pfister a flairé le bon coup et a permis à sa formation de présenter un ticket. Toutefois l’ex-PDC ressort affaibli de cette séquence et son ambition de retrouver un second siège à l’exécutif s’est éloignée.

Sauveur, le Zougois le sera-t-il pour l’armée suisse? Le temps presse. La situation géopolitique actuelle oblige la Suisse à se positionner et à renforcer sa sécurité, notamment avec un service de renseignement efficace. Le premier grand test pour le futur chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports sera la désignation des nouveaux chefs de l’armée et du renseignement. Il devra aussi très vite s’imposer au sein du collège et ne pas laisser le pouvoir aux seuls Karin Keller-Sutter et Albert Rösti.

Cette élection surprise l’a prouvé, il ne faut jamais sous-estimer le colonel Pfister.

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