OPINION. La Suisse doit s’aligner sur les nouvelles mesures prises dans l’Union européenne et introduire une autorité qui surveillera réellement les auteurs aussi bien de violations des droits humains que de dommages environnementaux, écrit Claude Calame, directeur d’études à l’EHESS (Paris) et professeur honoraire à l’Université de Lausanne

Pourquoi une nouvelle initiative pour des entreprises multinationales responsables (LT du 08.01.2025)? On le sait. Depuis le 1er janvier de cette année, les grands groupes d’entreprises actives à l’international et établies en Suisse sont soumis à un impôt s’élevant au minimum à 15% de leurs bénéfices. Par l’effet d’une initiative lancée par l’OCDE et le G20, cette imposition homogène est désormais active dans plus de 140 Etats.

Sans doute bienvenu, le lissage de l’imposition des multinationales dans les pays de l’OCDE ne s’attaque ni au statut ni aux pratiques des grands groupes d’entreprises travaillant à l’international. Supports d’une mondialisation fondée sur des exigences purement économiques et financières, les multinationales permettent en particulier de rapatrier dans les pays riches du «Nord» les profits de l’extraction et de l’exploitation des matières premières dans les pays du Sud. Dans un système soumis aux principes marchands du néolibéralisme, cette exploitation d’une «nature» réduite à un ensemble de ressources implique notamment des pratiques de corruption avec les gouvernements des pays concernés, différents modes de répression à l’égard des populations indigènes dépossédées de leurs terres, et l’exploitation de la force de travail de ces personnes dans des conditions salariales et sanitaires inacceptables, sans compter les multiples dégâts environnementaux désormais largement identifiés.

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