Le scrutin, qui vise à renouveler les 31 sièges du Parlement local, a été marqué par une poussée des nationalistes, relève la chaîne publique KNR. La participation a été élevée, au point où l’horaire de fermeture du bureau de Nuuk a été étendu

Jamais une élection au Groenland n’avait reçu autant d’attention de la communauté internationale. Selon la chaîne publique groenlandaise KNR, l’opposition de centre droit arrive en tête des législatives. Après dépouillement des voix dans la capitale Nuuk, le parti Démocrates, formation autoproclamée «sociale-libérale» elle aussi favorable à l’indépendance à terme, ne peut plus être rattrapé, indique KNR, qui précise que Naleraq (nationalistes) est aussi en passe de décrocher un «résultat canon».

Les Groenlandais ont voté en masse mardi. Signe, peut-être, d’un effet Trump, la participation a, selon des responsables électoraux, été élevée dans l’unique bureau de vote de Nuuk, la capitale. Initialement prévu à 20h (23h suisses), l’horaire de fermeture a été étendu d’une demi-heure pour permettre à tous les électeurs faisant la queue de déposer leur bulletin.

File d'attente devant le bureau de vote de Nuuk. — © Evgeniy Maloletka / keystone-sda.ch
File d'attente devant le bureau de vote de Nuuk. — © Evgeniy Maloletka / keystone-sda.ch
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Convaincu de pouvoir s’emparer «d’une manière ou d’une autre» du territoire autonome danois, le président américain a tenté jusqu’à la dernière minute de peser sur les élections, provoquant stupéfaction, rejet et, plus rarement, enthousiasme parmi les 57 000 habitants.

Le territoire «dans l’œil du cyclone»

Chef du parti Inuit Ataqatigiit (IA, gauche écologiste), le premier ministre sortant du Groenland, Mute Egede − dont c’était le 38e anniversaire −, a voté en début de matinée, sans faire de déclarations.

«Notre pays se trouve dans l’œil du cyclone», a-t-il lancé la veille sur Facebook. «Le monde extérieur nous regarde de près et nous avons vu récemment à quel point ils essaient d’influencer notre pays.»

Les résultats du vote, qui vise à renouveler les 31 sièges de l’Inatsisartut, le Parlement local, sont attendus dans la nuit.

Des Groenlandais fatigués d’être traités comme des citoyens de second rang

La campagne a tourné autour des questions de santé, d’éducation, d’économie mais aussi des liens futurs avec le Danemark qui continue d’exercer les fonctions régaliennes (diplomatie, défense, monnaie…) sur l’île.

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A près de 90% inuits, les Groenlandais déplorent avoir été traités historiquement comme des citoyens de second rang par l’ex-puissance coloniale accusée d’avoir étouffé leur culture, procédé à des stérilisations forcées et retiré des enfants à leurs familles. Un sentiment renforcé par la diffusion récente à la télévision publique danoise d’un documentaire − critiqué et finalement retiré − affirmant que le Danemark avait tiré d’énormes bénéfices de l’exploitation d’une mine de cryolite sur l’île, pourtant souvent présentée comme un fardeau financier.

A l’image de l’immense majorité de la population, les principaux partis groenlandais souhaitent tous l’indépendance, mais ils divergent sur le calendrier. Certains la veulent rapidement comme les nationalistes de Naleraq, principale force d’opposition, tandis que les autres, comme les deux composantes de la coalition sortante, IA et Siumut (sociaux-démocrates), la conditionnent aux progrès économiques du Groenland.

Recouvert à 80% de glace, le territoire est économiquement dépendant de la pêche, qui représente la quasi-totalité de ses exportations, et de l’aide annuelle d’environ 530 millions d’euros versée par Copenhague, soit 20% du produit intérieur brut (PIB) local. Pour les indépendantistes les plus impatients, le Groenland pourrait voler de ses propres ailes grâce à ses ressources minérales. Mais le secteur minier reste pour l’heure ultra-embryonnaire, plombé par des coûts d’exploitation élevés.

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