La chambre haute a coupé l’herbe sous les pieds du Conseil fédéral qui souhaite privatiser l’entreprise, plus connue sous son ancien nom de Ruag Space. Il a adopté une motion demandant d’en garder le contrôle
La Suisse doit garder le contrôle de Beyond Gravity, filiale de Ruag International spécialisée dans le domaine spatial. Le Conseil des Etats a adopté lundi soir, par 28 contre 15, une motion du National demandant de créer les bases légales nécessaires.
Le Conseil fédéral veut vendre Beyond Gravity. Dans le contexte géostratégique actuel, la Suisse doit garder une telle entreprise, a plaidé Charles Juillard (Centre/JU) au nom de la commission. Il a relevé que la firme est le quatrième acteur de l’industrie spatiale européenne.
Et Werner Salzmann (UDC/BE) de souligner que la vente de cette entreprise risquerait d’entraîner l’effondrement de l’écosystème suisse dans ce domaine. La donne géostratégique a complètement changé, a poursuivi Pascal Broulis (PLR/VD). «Est-ce que les Chinois sont nos amis? Et les Américains? Je n’en sais rien.»
Le domaine du spatial est stratégique, mais Beyond Gravity ne remplit pas de mandat de service public, a contré Hans Wicki (PLR/NW), soutenu par la gauche. La Confédération n’a pas la capacité de supporter les risques de tels investissements à l’étranger. Et Beyond Gravity ne réalise que 4% de son chiffre d’affaires en Suisse.
«Si vous votez aujourd’hui contre la vente, vous devrez accepter aussi les 500 ou 600 millions de francs d’investissement nécessaires», a lancé Mathias Zopfi (Vert-e-s/GL). La Suisse ne peut rien faire seule dans ce domaine, elle doit collaborer avec les Etats-Unis et l’Europe, a abondé Franziska Roth (PS/SO).
De plus, au vu de l’état des finances de la Confédération, cette dernière ne pourrait pas investir dans Beyond Gravity, ce qui pourrait menacer sa compétitivité et sa pérennité, a abondé la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter.
Et de rappeler que Beyond Gravity fournit des composants, mais ne réalise pas des systèmes complets. Elle ne peut par exemple pas fournir de satellite ou de fusée. De plus, son chiffre d’affaires provient à 96% de l’étranger. Le chiffre d’affaires provenant de l’armée suisse - 200’000 francs - représente 0,1%.
Le PLR Josef Dittli a tenté de proposer un compromis pour s’assurer que la vente soit faite à des investisseurs suisses. Mais son concept a été repoussé par 28 contre 15 également.