Selon les documents obtenus par «Le Temps», le Département fédéral des affaires étrangères et l’Office fédéral de la justice ont travaillé à relativiser les excuses présentées par le gouvernement aux nomades suisses. Leur persécution venait pourtant de devenir un crime contre l’humanité
«C’est triste et malheureux», soupire Sandra Gerzner à la lecture des documents obtenus par Le Temps. Présidente de l’association Citoyens nomades, elle juge que «les autorités n’ont pas compris la gravité de ce qu’il s’est passé». Le 20 février dernier, pour la première fois, la Suisse avouait un crime contre l’humanité. Emue, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a dévoilé un avis de droit qui estime que «l’Etat a joué un rôle fondamental dans la persécution des Yéniches». Datée de la veille et signée par la présidente Karin Keller-Sutter au nom du gouvernement, la lettre du Conseil fédéral aux communautés nomades n’a pas semblé à la hauteur de l’évènement historique. Elle a même été jugée «malheureuse» et «inappropriée» par les principaux intéressés.
Les documents de la consultation qui a abouti à ce courrier montrent des interventions du Département des affaires étrangères (DFAE) et de l’Office fédéral de la justice (OFJ). Mandaté par l’Office fédéral de la culture pour explorer la question, le spécialiste du droit international Oliver Diggelmann s’est lui-même indigné à la lecture du texte final, surtout parce qu’il réitère les regrets exprimés par le passé dans l’affaire des enfants placés plutôt que de présenter de nouvelles excuses aux Yéniches. «J’ai dit que le plus important serait de s’excuser rapidement et de ne pas relativiser», explique ce professeur de l’Université de Zurich. Il ajoute: «Il s’agit du recyclage d’une excuse qui portait en partie sur autre chose.»
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