CHRONIQUE. La présidente de la Confédération a fait un effort de clarification mais c'est encore insuffisant: la Suisse reste «à l’heure de son clocher», et pour éviter de rester dans l'ordre du réactif, il faut maintenant un vrai débat au parlement, écrit notre chroniqueur, l'ex ambassadeur François Nordmann

Cette fois, au moins, la forme y était. La présidente de la Confédérationa lu elle-mêmeune déclaration sur la situation internationale devant la presse du Palais fédéral, le 7 mars dernier. Le texte reprend en substance ce que le vice-chancelier Arcidiacono avait dit quinze jours plus tôt, en réponse à une question. Le Conseil fédéral suit les évènements, semaine après semaine, sur la foi des communications du chef du Département des affaires étrangères. Face aux bouleversements de la scène internationale et de la sécurité en Europe, il maintient sa position: il condamne l’agression de la Russie contre l’Ukraine et est en faveur d’une paix juste et durable conforme au droit international et qui ne soit pas au détriment de l’Ukraine. Le Conseil fédéral comprend que les informations provenant de Washington, même si elles étaient prévisibles, provoquent de l’inquiétude dans la population, il prend ces développements au sérieux et sa politique étrangère demeure inchangée, fondée sur le respect du droit international, les droits humains, la démocratie et le libre-échange. S’y ajoutent trois éléments: rétablir la capacité de l’armée, stabiliser et continuer à développer les relations bilatérales avec l’Union européenne et préserver les relations avec tous les acteurs, y compris les Etats-Unis. S’il y a des initiatives ou des décisions à prendre, les procédures habituelles seront suivies. Pour l’heure aucune demande n’a été faite à la Suisse ni en matière de bons offices (à part l’exercice éventuel d’un mandat de représentation de l’Ukraine en Russie) ni dans le domaine de la sécurité, donc il n’y a pas lieu de s’en préoccuper dans l’immédiat. Le Conseil fédéral s’est borné à prendre connaissance de la déclaration du Conseil national en faveur d’un rapprochement avec les institutions de défense de l’Union européenne: elle sera traitée lorsque le point y relatif sera à l’ordre du jour du parlement ou figurant sur le rapport de la Commission de sécurité. Au sujet de la Genève internationale, le Conseil fédéral a été mis au courant des développements en cours, sans plus.

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Le Conseil fédéral ne dispose pas de l'éternité pour se prononcer

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