Le revirement du président américain sur les droits de douane introduits avec le Canada et le Mexique ne change rien à l’inquiétude des marchés financiers. Wall Street a ouvert en nette baisse après une semaine précédente chahutée

Les Bourses mondiales reculent nettement lundi, craignant qu’une récession rattrape les Etats-Unis. A New York, l’indice élargi S & P 500, après avoir connu sa pire semaine depuis septembre 2024, s’affichait en fort repli de 2,3% peu avant 18 heures, heure suisse. Le Dow Jones abandonnait 1,24%. Le Nasdaq, indice à dominante technologique, chutait de 3,45%, entraîné par le fort mouvement de recul des géants technologiques, en particulier de Tesla.

L’action du pionnier des véhicules électriques plongeait de 12,3%, sa capitalisation boursière fondant de moitié depuis mi-décembre alors qu’elle avait bondi dans la foulée de l’élection de Donald Trump, soutenu par le patron du groupe Elon Musk, devenu un proche allié.

L’indice VIX - dit «indice de la peur» - qui mesure la nervosité des investisseurs, «a connu une nouvelle hausse en début de semaine, et la jauge de la peur à Wall Street est désormais à son plus haut niveau depuis décembre», commente Kathleen Brooks, directrice de recherche de la plateforme de trading XTB.

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Pour Christopher Low, de FHN Financial, le recul de la place américaine s’explique de façon générale par les déclarations de l’administration Trump jugées peu rassurantes par les investisseurs. Donald Trump est resté très flou lorsqu’une journaliste de Fox News lui a demandé lors d’un entretien diffusé dimanche s’il s’attendait à une récession aux Etats-Unis. «Je déteste prédire les choses comme ça», a rétorqué le président américain. «Il y a une période de transition», a avoué dans la foulée le milliardaire républicain, qui mène ses partenaires commerciaux à la baguette depuis son retour à la Maison Blanche, à commencer par ses voisins canadien et mexicain. La semaine dernière, il a toutefois provisoirement fait machine arrière en retirant les droits de douane de 25% qu’il avait introduits.

Avec les tensions commerciales, «les paris sur une récession (aux Etats-Unis) augmentent, et les dernières prévisions pointent vers une forte baisse de la croissance économique au premier trimestre», note Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.

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Craintes sur l’Allemagne

Les indices européens sont entraînés à la baisse, mais dans un mouvement plus contenu, à l’exception du Dax, principal indice de la Bourse de Francfort, qui a terminé la journée en repli de 1,45%. «Des signes indiquent que la coalition allemande actuellement mise en place par le conservateur Friedrich Merz est en train de se fragiliser», relève également Kathleen Brooks.

Les Verts allemands ont annoncé qu’ils refuseraient d’apporter les voix nécessaires à l’adoption au Parlement du plan géant d’investissements mis sur pied par le futur gouvernement de Merz, dont ils critiquent les lacunes. Or, si le parti écologiste allemand maintient son refus, il priverait le futur chancelier de la majorité des deux tiers nécessaires pour faire adopter les changements constitutionnels nécessaires à ce programme de dépenses sans précédent. L’examen du texte débutera jeudi à la chambre basse des députés.

En clôturant la séance sur un léger repli de 0,48%, le SMI a limité les dégâts à Zurich. Le bitcoin flanche après le sommet sur les cryptomonnaies de vendredi, l’annonce que la réserve stratégique de bitcoins américaine n’incorporerait pas de nouveaux actifs décevant le marché: vers 15 h 45 GMT, la plus capitalisée des cryptomonnaies lâchait 6,97%, à 80 450 dollars.

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