Les deux accusés, âgés de 25 et 33 ans, feront appel de la décision du tribunal correctionnel. Pour leur avocate, il s’agit d’une «décision politique»

Deux frères ont été condamnés lundi à six et trois mois de prison ferme sous bracelet électronique par le tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), pour des violences contre des soignants aux urgences d’Annemasse, en janvier.

Lors du procès du 18 février, le procureur Xavier Goux-Thiercelin avait requis 18 mois de prison pour les deux frères, dont six avec sursis. Le plus jeune des deux frères, âgé de 25 ans, et qui a eu «les premiers gestes de violence», selon le tribunal, a été condamné à un an de prison, dont la moitié avec sursis. Il effectuera sa peine sous bracelet électronique.

Son aîné, âgé de 33 ans, a également été condamné à un an de prison, mais avec neuf mois de sursis. Il effectuera également sa peine ferme, de trois mois, sous bracelet électronique. Les deux mis en cause ont aussitôt annoncé faire appel.

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Violences brèves mais intenses

Le 8 janvier au soir, aux urgences de l’Hôpital privé Pays de Savoie d’Annemasse, l’admission des frères pour les blessures de l’un avait dégénéré en scène de violences, brève mais intense.

Les délais de prise en charge avaient d’abord été soulevés par les deux frères lors de l’enquête. Mais, au procès, le plus jeune avait mis en avant «le doute» dans lequel il aurait été laissé par les soignants quant à la prise en charge de son frère, pour des raisons administratives, et alors même que leur famille fréquentait habituellement cet hôpital.

Les soignants avaient pour leur part rapporté des coups de pied et de poing, des cris, des cheveux tirés, certains poussés, un autre traîné «sur quatre à cinq mètres» et «une grande violence sur un temps très court».

«On n’a rien fait»

Selon les prévenus, certains soignants étaient alcoolisés, alors que se déroulait ce soir-là le pot de Noël de l’équipe des urgences et que des agents en service avaient rejoint ceux hors service. «Il n’y avait pas d’alcool», avaient cependant affirmé à l’audience plusieurs parties civiles.

«C’est une terrible injustice. On n’a rien fait», a répété devant la presse le plus jeune des frères, ajoutant qu’ils savaient qu’ils seraient condamnés, car «nous étions deux contre quatorze soignants».

Pour leur avocate, Me Sarah Mauger-Poliak, il s’agit d’une «décision politique». Le ministre de la santé, Yannick Neuder, s’était rendu sur place dès le 11 janvier pour dénoncer une situation «intolérable», pour laquelle il y aurait «une tolérance zéro».

Lors du délibéré, la défense a produit de nouvelles pièces, dont une nouvelle vidéo, mais qui n’ont apporté «aucun élément à charge ou à décharge», a déclaré le président du tribunal, Julien Lhuillier-Solenik.