Face aux défis sécuritaires actuels, la Société suisse des officiers attend une direction politique et militaire forte. La capacité de défense est certes à nouveau une priorité, mais le Conseil fédéral doit faire plus pour renforcer le système de milice.

Réunie au Signal de Bougy (VD), la Société suisse des officiers (SSO) a discuté des bouleversements géopolitiques actuels. Ordre mondial de plus en plus multipolaire, montée en puissance des Etas autoritaires, guerre brutale en Ukraine: ce sont des défis majeurs pour notre politique de sécurité et à notre politique militaire, écrit la Société suisse des officiers dans son communiqué.

Pour relever ces défis, il est avant tout nécessaire de rétablir rapidement la capacité de défense de notre armée de milice, a déclaré le chef suppléant de l’armée Hans-Peter Walser devant les 170 délégués, la conseillère fédérale Viola Amherd et le conseiller d’Etat vaudois Vassilis Venizelos. Les officiers se réjouissent de la volonté politique d’allouer les moyens financiers nécessaires à l’armée. Ils attendent du Conseil fédéral qu’il mette en œuvre les directives du parlement, à savoir porter les dépenses de l’armée à 1% du PIB en 2032 déjà.

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Non à une Suisse isolée

Concernant le système de milice, les officiers estiment «irresponsable» de la part du Conseil fédéral de retarder la révision du modèle d’obligation de servir. «Cela affaiblit la volonté de défense et sape la capacité de guerre», écrivent-ils. La SSO attend des corrections rapides.

Les officiers ne veulent pas d’une Suisse isolée. Les coopérations internationales renforcent la capacité de défense. Ils militent aussi pour une industrie de l’armement suisse forte. Dans le débat actuel sur la neutralité et la loi sur le matériel de guerre, il faut éviter que l’économie suisse soit exclue des marchés publics à l’étranger, selon la SSO.

La société attend du nouveau chef du département du DDPS, qui sera élu mercredi prochain, et des nominations au sein du DDPS un engagement clair à rétablir rapidement la capacité de défense.

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Viola Amherd tire le bilan

La cheffe du Département fédéral de la défense, Viola Amherd, qui s’adressait pour la dernière fois aux officiers, a également insisté sur le fait que «la sécurité de la Suisse est indissociable de celle de l’Europe». Mais elle a surtout fait le bilan de son action à la tête du DDPS.

Croissance du budget de l’armée de 4,9 milliards de francs en 2019 à 5,7 milliards cette année, puis à 9,7 milliards en 2032, planification des acquisitions sur 12 ans, coopération avec l’OTAN et l’UE, élaboration d’une stratégie globale de politique de sécurité pour 2025 ou renforcement dans le domaine de la cybersécurité: ce sont autant d’avancées durant ses six ans de mandat.

«Nous travaillons à réorienter la protection de la population davantage vers les exigences d’un conflit armé», a-t-elle dit. «La situation actuelle ne permet pas de mener une politique d’intérêts particuliers, mais exige de tirer tous à la même corde, que ce soit au sein de l’armée, en politique et dans la société», a ajouté la Valaisanne. «En tant qu’officiers de milice, vous êtes un important relais entre la société et l’armée.»

Dans la partie statutaire de l’assemblée, les délégués ont élu colonel EMG Michele Moor comme nouveau président pour les trois prochaines années. Le président en exercice, le colonel Dominik Knill, ne s’est pas représenté après quatre années de mandat.

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