Et aussi: «Mon frère, ma princesse», à Bulle, «Petite Balade aux enfers», à l’Opéra de Lausanne, ou encore «La Fièvre d’un dimanche après-midi», au Spot, à Sion
Scènes
Comment s’épanouir lorsqu’on est une petite fille née dans un corps de garçon? Cette question, sensible, est au cœur de Mon frère, ma princesse, un texte de l’autrice franco-italienne Catherine Zambon. A Bulle, la compagnie de théâtre amateur Brosse Adam s’en empare pour un spectacle familial évoquant les nécessaires questionnements autour de la fluidité des genres et du harcèlement qui en découle hélas trop souvent. S. G.
«Mon frère, ma princesse». Salle des Tréteaux de Chalamala, Bulle, du 31 janvier au 2 février.
Musique
En matière de rap, il est toujours agréable de retourner aux sources. Voici donc à Genève le collectif américain Delinquent Habits, formé du côté de Los Angeles au début des années 1990. Mêlant anglais et espagnol, son premier album, produit par Sen Dog de Cypress Hill en 1996, reste un jalon dans l’histoire et l’évolution du hip-hop indépendant. S. G.
Delinquent Habits. PTR, me 29 à 20h30.
Spectacle
Le corps et la voix: Welcome, création du jeune chorégraphe breton Joachim Maudet, s’empare de ces deux instruments, de leurs rencontres, de leurs dissonances surtout. A mi-chemin entre danse et ventriloquie, la pièce prend des airs de farce décalée à mesure que des voix délirantes s’échappent des danseurs, impassibles – commentant jusqu’au look des spectateurs. S’agit-il de leur surmoi, de leur inconscient? Passée par le off d’Avignon en 2023, Welcome captive en brouillant la frontière entre ce que l’on montre et ce que l’on dit. Ou comment libérer les langues trop longtemps corsetées. V. N.
«Welcome». Théâtre du Pommier, je 30 à 20h et ve 31 à 20h30.
Spectacle
On connaissait celle du samedi soir. Mais La Fièvre d’un dimanche après-midi transpire autre chose. Loin du dancefloor, le tube qui résonne ici est celui d’un amour qui fut. Qu’est-ce qui réunit encore deux êtres qui se sont aimés, et qui tentent fébrilement de se retrouver? Ce ballet des cœurs au passé, deux chorégraphes, Flora Gaudin et Nicola Vacca, le font battre pour sonder «l’échec qui habite les relations, les fragilités qui les tiennent et les grandes catastrophes qui les construisent.» Poignant. V. N.
«La Fièvre d’un dimanche après-midi». Sion, Le Spot, du 28 janvier au 1er février à 19h.
Cinéma
La soirée d’ouverture de la 7e édition du festival de cinéma germanophone Filmfest a lieu dans la belle salle du Capitole avec la première romande de Jakobs Ross, un beau film alémanique sur l’émancipation d’une jeune femme dans la Suisse alpine du XIXe siècle. Six autres films sont au programme, dont des reprises, comme le beau documentaire Anselm – Le bruit du temps de Wim Wenders. S. G.
Filmfest. Cinémathèque suisse et Le Cinématographe, Lausanne, du 28 au 31 janvier.
Conférence
Et si l’on faisait chanter le futur? L’écrivain, réalisateur et militant écologiste Cyril Dion sera de passage au Théâtre de Vidy-Lausanne le 30 janvier, accueilli par Le Hub des possibles. Coréalisateur de Demain (2015), film documentaire auréolé de plusieurs prix, il explorera «le pouvoir des nouveaux récits pour imaginer un avenir désirable». Une conférence à laquelle participeront aussi Natacha Litzistorf, conseillère municipale de la ville de Lausanne chargée du Logement, de l’Environnement et de l’Architecture, et Katia Delay, directrice de la Maison du Récit. A. Sy
Cyril Dion. Théâtre de Vidy-Lausanne, je 30 à 19h à 21h. Réservations complètes, une liste d’attente est ouverte.
Musique
«La vie c’est dur, putain». Sur un tapis de synthés, le constat de Gwendoline est viscéral, sans appel. C’est ce regard fataliste qui a projeté le duo rennais parmi les phénomènes musicaux qui montent dans l’Hexagone – sans doute parce qu’il résonne davantage que l’injonction au bonheur si souvent matraquée. Maîtres de l’humour grinçant, livré dans un parlé-chanté et un packaging cold wave, Pierre Barrett et Mickaël Olivette nous tendent des miroirs dans lesquels se reconnaîtra qui voudra. Un univers cinglant et délicieusement je-m’en-foutiste précédé, en première partie, par les fusions rock des Romands d’Adieu Gary Cooper. V. N.
Gwendoline. Nyon, Usine à Gaz, ve 31 à 21h.
Le programme de création sonore Fracanaüm s’étend sur plusieurs semaines à Lausanne, et dans une série de salles de la capitale vaudoise. Première étape au Cinéma Bellevaux, avec deux duos pétaradants: Julian Sartorius et Elio Amberg tout d’abord, qui enquêtent sur les micro-sons. Simon Grab et Francesco Giudici ensuite, qui superposent guitare et machines à feedbacks. Leur [No] Surrender (publié en 2022 chez -OUS) vous emporte comme un écoulement magmatique. P. S.
Sartorius-Amberg et Grab-Giudici. Lausanne, Cinéma Bellevaux, ve 31 à 20h.
Si l’actualité internationale des derniers jours est un chemin de croix infernal, la Petite Balade aux enfers proposée par l’Opéra de Lausanne promet, comme son nom ne l’indique pas, d’être salvatrice. Prenant pour point de départ l’Orphée et Eurydice de Gluck, la plasticienne Valérie Lesort en donne une version tous publics. Ici les chanteuses apparaissent sous la forme de marionnettes hybrides, accompagnées d’un bestiaire loufoque dans ce voyage plein de poésie et de magie. JdBG
«Petite Balade aux enfers». Opéra de Lausanne, du 24 au 29 janvier.
Spectacle
Une rareté. Pour beaucoup, un trésor. François Tanguy a longtemps fait du théâtre comme on ouvre des malles dans le grenier de ses aïeux. Avec son Théâtre du Radeau basé à Caen, l’artiste a composé des pièces qui étaient des fugues de papillon, des drames qui ne tenaient qu’au fil de l’araignée du soir, des pots-pourris où Arthur Rimbaud pouvait croiser Marina Tsvetaïeva. L’artiste est décédé au mois de décembre 2022. Par autan est l’ultime chapitre d’un art de divaguer en compagnie choisie. Une invitation à fuir le vent des modes et à remonter le fleuve de ses songes. A. Df
«Par autan». Théâtre de Vidy-Lausanne, du 29 janvier au 1er février.