L’écrivain anglais (1874-1936) prenait l’humour très au sérieux. Tous ses récits expriment un amour des faiblesses humaines sous des airs de grand courroux. Un recueil de textes parus dans les journaux britanniques et un roman sont réédités
«Quand on lit G. K. Chesterton (1874-1936), on se sent submergé par une extraordinaire impression de bonheur. Sa prose est joyeuse», écrit Alberto Manguel dans sa présentation des essais réunis dans Le Paradoxe ambulant. Tout lecteur de Chesterton se souvient d’avoir ressenti cette impression de pur émerveillement. Si le sens du détail fait l’artiste ou l’écrivain, chez Chesterton le détail est source d’inspiration, il enfante le récit et lui donne tout son relief et sa morale. Le comique chez lui a cette singulière caractéristique d’être pris très au sérieux – et c’est déjà un «paradoxe ambulant». Toutes ces histoires expriment un amour des faiblesses de l’homme, c’est-à-dire la vertu de la tolérance, sous des airs de grand courroux – et c’est là encore un paradoxe.
L’auteur vient en défense des romans de quatre sous: «Tant que la mince et rugueuse texture du roman sentimental populaire n’est pas contaminée par une piètre culture, il ne sera jamais intrinsèquement trivial»; des raseurs: «De nos jours, l’opinion universelle veut que le péché impardonnable soit d’être un raseur. C’est une grave erreur. Le péché impardonnable, c’est de se barber, c’est l’ennui. Compte tenu des faiblesses de l’humanité, nous pouvons autoriser à l’homme les révolutions, l’émancipation, et lui accorder le droit de briser ses chaînes. Mais l’homme fort, idéal, le surhomme serait assis aux pieds de sa grand-mère.»
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