Sous forme de méditation illustrée, «Les Jardins invisibles» est une compilation de confessions intimes et d’instants suspendus. Ou comment l’art de dessiner a permis à Alfred de trouver sa place dans le monde

Dans une des historiettes que composent Les Jardins invisibles, Alfred raconte comment sa mère, douée en jardinage, pouvait, avec trois fois rien, transformer leur appartement «en véritable forêt vierge». Enfant solitaire et anxieux, il chérissait ces «refuges verts» qui lui permettaient de lire et de dessiner à l’abri du regard des autres, du monde des adultes, d’une enfance inconfortable. Quarante ans et autant d’albums plus tard, devenu parent à son tour, il n’a jamais posé le crayon, esquissant, de livre en livre, d’autres abris où déposer ses inquiétudes et ses émerveillements.

A la manière des sourciers qui avancent précédés par leurs baguettes, c’est en dessinant qu’Alfred suit le cours de son existence – et lui donne du sens. Noircisseur compulsif qui ne sort jamais sans un carnet – il les appelle ses «vides-tête» –, enclin à la cogitation, il ne pense bien qu’en saisissant, à coups de croquis et de notes, les miracles du quotidien, les caprices de la créativité et les preuves du temps qui passe.

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