Dans «L’Escamotage de Madame Irma», au Théâtre Boulimie à Lausanne, la comédienne romande, accompagnée de Pierric Tenthorey, ravit avec un spectacle qui mêle humour et illusion

Incroyable Claude-Inga Barbey! A peine a-t-elle terminé ses frasques dans La Revue genevoisequ’elle revêt la tenue glamour d’une assistante magicienne et réalise des tours qui, de fait, pour de vrai, bluffent le public. «Il y a un truc, mais lequel?», s’est exclamé un monsieur derrière nous, lorsque la madrée a deviné le numéro de série d’un billet de 10 francs sorti de la poche d’une spectatrice. Et, plus fort encore, lorsque, cachée derrière un rideau, la diablesse a réussi à enfiler le gilet d’une autre dame alors qu’elle était saucissonnée des pieds à la tête.
Cette capacité à se lancer dans l’illusionnisme aux côtés du magicien Pierric Tenthorey résume tout à fait cette comédienne qui ne s’arrête jamais. Leur spectacle, L’Escamotage de Madame Irma, à voir au Théâtre Boulimie jusqu’au 1er février, est drôle et scotchant à la fois.

La force de la facétie

Scotchant, oui, car lorsque Pierric Tenthorey est coupé en deux, dans le fameux numéro où, par un jeu de boîtes superposées, le buste et la tête de l’exécutant sont décalés de ses pieds, chaque spectateur a beau se dire qu’il y a une combine, la prouesse continue de sidérer. Pareil quand des cartes ou des pièces de monnaie apparaissent miraculeusement au bout des doigts de l’expert ou quand Madame Irma parvient à deviner sur quelle face le dé est tombé, alors que ni elle ni le magicien n’ont pu voir ledit dé.

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Mais, bien sûr, avec Claude-Inga Barbey, le spectacle s’illustre aussi par sa facétie. La situation déjà. Pierric Tenthorey joue le fils que Madame Irma a eu avec le grand David Davanti, prestidigitateur de prestige qui, le mufle, a quitté son épouse vieillissante pour une jeune assistante blonde aux formes avantageuse – les mensurations 95C reviennent comme un refrain. Déprime de la délaissée et mort subite, un soir d’hiver il y a pile une année, après avoir caché un mystérieux ticket.

Un fantôme très vivant

C’est donc le spectre de Madame Irma qui s’illustre ces jours à Boulimie, et disons que le fantôme à l’accent moitié italien, moitié slave est tout sauf mort. A coups de gags, type «avant j’étais médium [spirite], maintenant je suis extra-large» et de récits gratinés sur son abandon et sa dépression, un dada de Claude-Inga, l’humoriste allume la soirée. Elle fesse aussi son fiston à qui elle ne cesse de reprocher quelque chose.

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Le côté canaille est une marque de fabrique de l’humoriste romande. Il lui permet de qualifier une spectatrice de «pénible» ou de mimer une femme voilée avec sabir arabisant sans que ça fâche. A l’image de Marie-Thérèse Porchet, Claude-Inga Barbey exprime souvent la part refoulée et «popu» de nos consciences éduquées. Le public adore ça.

Quant à Pierric Tenthorey, il alterne parfaitement le magicien ailé, à l’aise dans l’illusion, et le fils penaud qui se fait corriger par «môman». Les deux font la paire et la soirée plaît beaucoup aux spectateurs à cheveux blancs que l’on sent très attachés à notre furieuse préférée.


L’Escamotage de Madame Irma, Théâtre Boulimie, Lausanne, jusqu’au 1er février.