En raison de l’envolée des prix des matières premières, le fournisseur de produits chocolatés revoit à la baisse ses prévisions de volume pour l’ensemble de l’année. Le zurichois avance dans son plan de restructuration se basant sur des coupes d’effectifs

Le bond des tarifs du cacao pèse sur la marche des affaires de Barry Callebaut. Le fournisseur des géants alimentaires comme Nestlé et Unilever a vu ses volumes se replier au premier trimestre de son exercice décalé. Entre septembre et novembre 2024, les quantités vendues de cacao et produits chocolatés ont diminué de 2,7% à 565 238 tonnes.

«Les prix du cacao ont atteint de nouveaux sommets depuis le début de cette année fiscale et cela accentue les pressions sur le marché», a fait remarquer mercredi le directeur général de la société zurichoise, Peter Feld, cité dans un communiqué.

Si en septembre la tonne de cacao se négociait encore à 4355 livres sterling (environ 4870 francs), fin novembre, elle était à 7708 livres. Une hausse de 72% sur un an. Cette évolution s’explique en partie par les mauvaises récoltes, notamment en Côte d’Ivoire. Le pays est en effet le premier fournisseur de cette matière première indispensable à la fabrication du chocolat.

Lire aussi: Aminata Bamba, spécialiste du cacao: «Des études prévoient une chute de 30% des volumes en Côte d’Ivoire cette année»

Selon des prévisions d’analystes collectées par Bloomberg en décembre, la production dans ce pays d’Afrique de l’Ouest devrait s’inscrire à 1,9 million de tonnes durant la saison 2024-2025 allant jusqu’en août. Cela représenterait une baisse de 10% par rapport aux projections du gouvernement ivoirien communiquées en octobre, et alimenterait encore la hausse des prix sur les marchés mondiaux.

Outre le changement climatique, des problèmes structurels comme la faible rémunération des agriculteurs – malgré l’envolée des prix – et des maladies s’attaquant aux cacaoyers expliquent une diminution des volumes mondiaux.

Lire également: Le roi du cacao Barry Callebaut navigue dans des eaux troubles

Restructuration en cours

Cette évolution des tarifs pousse ainsi les clients de Barry Callebaut, des groupes alimentaires en partie, à passer moins de commandes de produits chocolatés: en Europe de l’Ouest (-7,5%) ainsi que dans le centre et l’est du Vieux-Continent (-4,5%), moins d’achats ont été réalisés. Après des années d’inflation, les consommateurs surveillent en effet de près leurs dépenses.

Nonobstant le repli des quantités vendues, les recettes ont augmenté de 53,9% à 3,45 milliards de francs. Ce chiffre reflète la hausse du prix du cacao, que la multinationale répercute sur sa clientèle, mais est moins pertinent lorsqu’il s’agit de comprendre l’état de santé du groupe.

A l’occasion de la publication de ses chiffres trimestriels, Barry Callebaut a revu à la baisse ses attentes pour l’ensemble de l’année fiscale 2024-2025, close en août. Les volumes devraient connaître une légère baisse à un chiffre alors qu’auparavant la direction s’attendait à une évolution stable en comparaison annuelle. «Compte tenu de l’environnement sans précédent des prix des fèves de cacao, nous n’avons jamais cru aux prévisions de croissance du volume annoncées au début de l’exercice», a commenté Jean-Philippe Bertschy, un analyste de la banque Vontobel.

Titre chahuté

La marge opérationnelle (Ebit) en revanche devrait croître grâce à un programme de restructuration lancé en 2024. Barry Callebaut vise des économies annuelles de 250 millions de francs. Et pour y arriver, 18% des effectifs, environ 2500 postes, doivent être supprimés au niveau mondial. Des accords sociaux ont notamment été négociés en Belgique, en France, en Pologne et au Royaume-Uni.

Les investisseurs semblaient insatisfaits par les résultats publiés. Mercredi vers 15h45, le titre chutait de près de 9% à 1048 francs alors que l’indice de référence, le SPI, prenait 0,83%.