Le premier long métrage de l’Américano-Suissesse Jasmin Gordon est un drame familial ténu porté par la solide interprétation d’Ophélia Kolb
Jule est d’emblée présentée comme une mère irresponsable. Au volant de son break, voici qu’elle se fait flasher, avant de laisser ses trois enfants livrés à eux-mêmes dans un restaurant d’une zone industrielle glauque, où ils n’ont même pas de quoi s’offrir un soda chacun. Elle en a «pour cinq minutes» mais ne revient pas. Veillant sur ses petits frères, Claire se résout à rentrer avec eux à pied, en traversant notamment une autoroute. Jule ne rentrera que nuitamment. Le lendemain, comme pour se faire pardonner, elle les dispense d’école et les emmène dans une maison à vendre en leur promettant qu’ils s’y installeront bientôt. Un agent immobilier débarque, elle les fait sortir par la fenêtre en leur mentant éhontément.
Les Courageux est le premier long métrage de Jasmin Gordon, une réalisatrice américano-suisse qui a étudié la littérature et la photographie aux Etats-Unis et en France avant d’obtenir un master en cinéma documentaire à Stanford. Tourné dans le Bas-Valais, une région déjà au cœur de deux drames familiaux âpres d’Ursula Meier (L’Enfant d’en haut, 2012; La Ligne, 2022), il propose une narration ténue, comme un instantané dans la vie d’une famille monoparentale au bord du gouffre. Jule, qui a une formation de comptable, se persuade que tout ira bien, alors qu’on la voit prête à imploser, usée par des erreurs passées et de mauvaises décisions.
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