Bestiaire musical malicieux, l’œuvre de Camille Saint-Saëns de 1886 reste un tube classique dont raffolent les familles. Elles riront de plus belle devant la revisite qu’en font le comédien belge Alex Vizorek et le Duo Jatekok, le 1er février à La Chaux-de-Fonds

C’est l’histoire d’un illustre compositeur qui crée un bestiaire. Une improbable ménagerie semi-exotique où se côtoient lion, poules, tortues, kangourous, oiseaux, fossiles: bienvenue au Carnaval des animaux. En 1886, Camille Saint-Saëns imagine cette suite pour ensemble instrumental dans laquelle il représente chaque espèce en musique – marche majestueuse pour les uns, accords bondissants pour les autres –, citant en pastiche des motifs inspirés de Berlioz, Offenbach ou Rossini. Et pour pousser le clin d’œil, il convoque malicieusement dans sa parade une autre bête… de concert: les pianistes.

A la fin du XIXe siècle, Saint-Saëns est au sommet de son art, fort de sa Danse macabre, de sa Symphonie avec orgue et d’une Légion d’honneur – rien que ça. Bientôt, le très sérieux compositeur français craint que cette «Grande Fantaisie zoologique», composée à l’occasion d’une fête de mardi gras chez le violoncelliste Charles Lebouc, n’entache sa réputation. Au point que, après deux représentations seulement, il en interdira toute exécution publique. Il faudra attendre le mort de l’artiste, en 1921, pour que le grand public l’entende à nouveau. «C’est drôle, parce que cette œuvre qu’il n’assumait pas est devenue, avec la Danse macabre, l’une de ses plus connues», souligne Alex Vizorek.

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