Le recours récent d’un orchestre suédois à un robot violoncelliste très habile laisse songeur. Notre espèce risque-t-elle d’être supplantée, y compris dans des disciplines artistiques de haut vol? Convoquons Edgar Allan Poe pour faire la part des choses

Au début, la nouvelle laisse perplexe. Un robot violoncelliste? Encore une de ces prouesses insolites auxquelles les progrès de la technologie nous ont habitués, pour mieux nous apprivoiser. Mais tout va si vite qu’on finit par se blaser, au point de ne plus vraiment y faire attention. L’Orchestre symphonique de Malmö doit être en manque d’inspiration, ou de sponsors, pour tirer ce genre de cordes. C’est la première fois, paraît-il, qu’un robot prend la place d’un soliste. Ah bon? On finit quand même par jeter un coup d’œil à la vidéo, un peu automatiquement, ou par un reste de curiosité. Et là, devant la performance en acte, on change d’avis, radicalement.

Le spectacle, visuel et sonore, fait simultanément froid dans le dos et donne des frissons d’émotion. On ressent un trouble étrange, presque angoissant, en voyant ces solides membres métalliques, plantés sur une structure qu’on n’a pas même tenté de faire ressembler à un être humain, manier l’instrument délicat avec une grande sûreté de geste, pour en tirer une mélodie intensément expressive, comme l’aurait fait un musicien en chair et en os.

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