Gerhard Pfister, Benedikt Würth, Martin Candinas et Heidi Z’graggen ont jeté l’éponge avant même l’ouverture officielle des candidatures pour la succession de Viola Amherd. Mais Le Centre l’assure: il a assez de bons politiciens pour occuper cette fonction
«L’avantage d’un catholique, c’est qu’il peut dire non quand il n’a pas envie. Le désavantage d’un réformé, c’est de devoir dire oui même quand il n’a pas envie.» C’est par une boutade que Gerhard Pfister a expliqué pourquoi plusieurs favoris à la succession de Viola Amherd avaient renoncé à la course au Conseil fédéral avant même son lancement.
Dont Martin Candinas. Alors que tout le monde l’attendait, et que certains le voyaient déjà élu, le conseiller national grison a jeté l’éponge. Dans un communiqué envoyé ce lundi, il confesse que «le mandat de conseiller fédéral, bien qu’unique et alléchant, ne déclenche pas de feu intérieur en moi». Or, «la passion étant le critère le plus important» pour cette mission, «je renonce à une candidature».
Philipp Matthias Bregy, conseiller national valaisan et chef de groupe, et Gerhard Pfister, conseiller national et président du parti, ont ouvert le processus de sélection au Conseil fédéral ce lundi, à 14 h 27, peu de temps après l’annonce du retrait de l’Uranaise Heidi Z’graggen. Les deux leaders du Centre ont choisi la salle 301 du Palais fédéral pour lancer la course au gouvernement; la grande salle où à la fin de l’année dernière, la Commission d’enquête parlementaire sur Credit Suisse présentait ses résultats. L’heure se voulait donc solennelle.
La commission de recherche mise sur pied est présidée par Philipp Matthias Bregy et Gerhard Pfister. Dans leur tâche de sélection, ils seront accompagnés par Charles Juillard, conseiller aux Etats (JU) et vice-président du Centre, Pirmin Bischof, conseiller aux Etats (SO) et vice-président du groupe parlementaire, Nicolò Paganini, conseiller national (SG) et chef de groupe au Conseil national, Marianne Binder, conseillère aux Etats (AG) et membre de la présidence du parti, Isabelle Chassot, conseillère aux Etats (FR) et membre du Comité du groupe parlementaire, et Regina Durrer-Knobel, conseillère nationale (NW) et membre du Comité du groupe parlementaire. «Autant de personnalités qui ne brigueront pas le poste au Conseil fédéral», a garanti Gerhard Pfister.
Ce sont les sections cantonales du parti qui devront désigner les candidats et les annoncer à la commission de recherche jusqu’au 3 février prochain à midi. Le groupe parlementaire du Centre décidera de son côté le 21 février qui figurera sur le ticket en vue de l’élection par l’Assemblée fédérale. A ce stade, impossible de savoir s’il sera composé de deux ou trois personnes. Une certitude néanmoins: «Le Centre a de nombreuses personnalités de qualité à disposition, dont des femmes», a souligné Gerhard Pfister. Et d’ajouter: «Ce n’est pas parce qu’on n’a encore rien lu dans les médias sur certains candidats potentiels qu’ils ne sont pas compétents pour le poste de conseiller fédéral, indépendamment de leur sexe ou de leur canton d’origine». L’élection à proprement parler devrait avoir lieu le 12 mars par l’Assemblée fédérale.
Un des noms qui circulent depuis la démission de Viola Amherd est celui d’Andrea Gmür, cheffe du groupe parlementaire durant un peu plus d’une année. La Lucernoise avait quitté son poste pour des raisons assez vagues. Des bruits de couloir faisaient état de mésententes avec Gerhard Pfister et Gianna Luzio, secrétaire générale du parti. Depuis lors, Andrea Gmür appartient au cercle des papables potentiels pour accéder au Conseil fédéral. Contactée par nos soins, elle répond «être en train de réfléchir» et n’avoir pas encore décidé. Politicienne expérimentée, elle possède en outre l’atout de représenter la Suisse centrale, région absente du gouvernement depuis longtemps. Le triple renoncement des favoris présumés Würth, Pfister et Candinas la poussera-t-elle à se lancer? C’est toute la question.
Pour Le Centre, il s’agit maintenant de combler le vide et de dénicher des personnalités capables de briguer le siège ministériel. Hormis Andrea Gmür, d’autres papables surgissent dans les discussions. C’est le cas du Zurichois Philipp Kutter, du Saint-Gallois Markus Ritter (puissant président de l’Union suisse des paysans) ou d’une vieille connaissance de la Berne fédérale, le conseiller d’Etat valaisan et ancien président national du parti Christophe Darbellay.
Ce dernier, qui dit «réfléchir» à une possible candidature, bénéficie même déjà d’un soutien déclaré de son parti cantonal: «le Centre Valais romand considère que la réflexion menée par Christophe Darbellay est légitime». D'après lui, l’échéance des élections cantonales du 2 mars, lors desquelles le conseiller d’Etat se représente, n'exclut pas une candidature éventuelle au Conseil fédéral. «Le Centre Valais romand a conscience que l’agenda n’est pas idéal mais est prêt à anticiper toutes les éventualités. L’enjeu est de taille et compter pour le Valais un représentant dans la plus haute sphère politique du pays est un atout indéniable».