ÉDITORIAL. Quatre ans après avoir échoué à se maintenir au pouvoir par des moyens illégaux, Donald Trump bénéficie cette fois d’une incontestable légitimité démocratique. Il mettra à l’épreuve la solidité des institutions

Donald Trump jurera ce lundi de respecter la Constitution américaine, marquant son retour triomphal au pouvoir après s’y être accroché il y a 4 ans. Il prêtera serment dans ce même Capitole que ses partisans avaient attaqué pour entraver la certification de la victoire de Joe Biden, qui, lui, quittera la Maison-Blanche par la petite porte.

Une majorité d’électeurs américains ont décidé de passer l’éponge. Le 47e président bénéficie d’une incontestable légitimité démocratique puisqu’il n’a pas seulement remporté en novembre la majorité des Etats, mais aussi le vote populaire. Le Parti républicain, aux ordres, dispose de la majorité aux deux Chambres. Donald Trump peut aussi compter sur la Cour suprême, solidement conservatrice. Dans le sillage d’Elon Musk, les plus grands patrons lui ont prêté allégeance, soucieux de continuer à faire prospérer leurs affaires. Enfin, la résistance populaire est amorphe et le Parti démocrate en plein désarroi.

Dans son discours testamentaire mercredi dernier, Joe Biden, président au bilan remarquable mais qu’il n’avait plus le souffle de vendre aux Américains, a justement mis en garde contre l’émergence d’une oligarchie au détriment de l’intérêt commun. Mais le démocrate n’aura pas réussi à réduire les inégalités ou à freiner la pluie d’argent sur les campagnes électorales.

Lire aussi: Les partisans de Donald Trump font leur grand retour à Washington mais les places sont très chères

Le prix des courses plutôt que la démocratie

Le président sortant a aussi échoué à expliquer en quoi Donald Trump menaçait la démocratie et surtout les risques concrets de l’autoritarisme pour les Américains. Au lieu d’un sursaut, une majorité d’électeurs ont été séduits par les promesses du milliardaire de faire baisser les prix de leurs courses. Qu’importe si cela passe par des méthodes expéditives. C’est sur l’économie que Donald Trump est le plus attendu. La sécurisation de la frontière avec le Mexique et l’expulsion de criminels étrangers font aussi largement consensus, mais pas le projet délirant de déporter des millions de gens ou de poursuivre les adversaires politiques du locataire de la Maison-Blanche.

Si le système des contre-pouvoirs résiste aux pires penchants du président et que les règles du jeu démocratique ne sont pas dévoyées, Donald Trump sera rapidement jugé sur ses résultats, avec la possibilité d’une alternance aux républicains. Mais encore faut-il que les institutions résistent à cette nouvelle présidence Trump.