PLANÈTE FINANCE. Que se passe-t-il après qu’une banque tombe car ses dirigeants ont pris trop de risques et se sont montrés négligents? Tout dépend du pays dans lequel les faits se déroulent
C’est l’histoire d’une banque tombée en faillite en mars 2023, après avoir pris des risques excessifs pour soutenir ses bénéfices à court terme. Un établissement dont la chute, l’une des plus retentissantes de l’histoire bancaire, avait passablement secoué le monde de la finance. Une banque dont les clients se sont précipités pour retirer leurs avoirs avant la débâcle.
Cela vous rappelle quelque chose? Credit Suisse, à tout hasard? Raté, car les dirigeants de la banque dont il est question ici vont devoir rendre des comptes à la justice, eux, contrairement à ceux de Credit Suisse. Cela se passe aux Etats-Unis et ces génies de la finance aujourd’hui inculpés travaillaient pour Silicon Valley Bank (SVB).
Les deux affaires ont de nombreux points communs: négligences graves, manquements au devoir fiduciaire, mépris des normes de prudence les plus élémentaires et de la politique interne en matière de risques. Ces comportements ont fini par abattre Credit Suisse, reprise en catastrophe par UBS le 19 mars 2023.
Mais neuf jours auparavant, Silicon Valley Bank avait, elle aussi, fait naufrage. L’événement avait marqué le milieu de la crise bancaire américaine du printemps 2023, puisque Silvergate Bank était tombée le 8 mars et décision sera prise de liquider Signature Bank le 12. Cet épisode avait inquiété les investisseurs, qui avaient cherché d’autres banques susceptibles de tomber – et trouvé Credit Suisse.
L’addition sera bien présentée à 17 cadres de Silicon Valley Bank. Jeudi, l’agence américaine qui garantit les dépôts bancaires, la FDIC, les a visés avec une plainte cherchant à récupérer les milliards de dollars mobilisés dans cette triste affaire.
Chargée de régler la faillite de SVB, la FDIC pointe en particulier la dépendance de la banque envers des obligations à long terme du gouvernement américain alors que les taux d’intérêt semblaient destinés à remonter. Ce qu’ils ont fait, diminuant mécaniquement la valeur des obligations en question et plombant la banque.
Manque de chance, SVB n’a pas eu suffisamment de capital en réserve pour faire face, après avoir versé un dividende de 294 millions de dollars à sa maison mère fin 2022. Une opération jugée «grossièrement imprudente» par la FDIC, qui parle également de mauvaise gestion flagrante, relève l’agence de presse Reuters.
Parmi les personnes visées, on trouve l’ancien directeur général et l’ex-chef des finances, mais aussi l’ancienne responsable des risques. Qui a quitté la banque en avril 2022, bien avant la chute de SVB, et trouve «scandaleux» d’être mise en cause aujourd’hui.