Après la rentrée d’août, celle de janvier et février s’impose de plus en plus comme un deuxième rendez-vous des amateurs et amatrices de livres
En hiver, les livres bourgeonnent. La rentrée littéraire ne rime plus seulement avec la fin du mois d’août. Depuis plusieurs années, les maisons d’édition cultivent, pour les mois de janvier et février, un air de «deuxième rentrée». Traditionnellement réservée aux valeurs sûres, la salve des parutions hivernales réunit cette année 366 romans en langue française et 141 romans en langues étrangères. Des chiffres somme toute pas très éloignés de ceux de la fin d’été. Une grande différence néanmoins: exit la pression des prix littéraires qui donnent le la de la vie éditoriale, de septembre à novembre. Goncourt, Renaudot, Femina, et tous les autres, c’est fait.
La pression commerciale demeure, elle, plus que jamais. L’ampleur de la campagne publicitaire qui accompagne le lancement du nouveau roman d’Haruki Murakami, La Cité aux murs incertains, donne la mesure des attentes en termes de ventes. Mais 70 premiers romans sont là aussi pour susciter l’envie de découvrir de nouvelles voix. Est-ce à cause du froid, de la neige, de la vie qui migre à l’intérieur? Lire semble ces jours-ci une activité parfaitement dessinée, au millimètre près, pour l’hiver. A tel point que l’on se met à rêver d’une rentrée de janvier qui deviendrait LA rentrée littéraire, supplantant les fièvres d’août.
Mais revenons à des considérations très concrètes puisqu’il s’agit de traverser l’hiver. Chacun fait évidemment ce qu’il veut mais nous recommandons d’avoir toujours plusieurs livres sous la main. Des nouveaux et des anciens, des pavés et des minuscules. Dans cette dernière catégorie, voici une simple suggestion mais que nous nous permettons de livrer avec une certaine insistance. Il s’agit de Haikus d’automne et d’hiver dans la traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu pour la collection Folio Sagesses. Voici réunis les poèmes de plusieurs haijin (poètes de haïkus), de Bashô, le pérégrin du XVIIe siècle aux plumes du XXe siècle.
«Dans le goût mordant du radis/je sens/le vent d’automne» (Bashô); «Là/tout simplement/sous la neige qui tombe» (Issa). A lire ces perles, on se sent heureux comme l’écureuil qui déterre ses noisettes cachées au printemps. Là, tout simplement, un livre à la main.