A vos agendas! Le mois de janvier est le moment idéal pour découvrir les rendez-vous artistiques à ne pas manquer ces prochains mois – et se préparer ainsi à fêter Vallotton et Tinguely
En 1896, le Musée des beaux-arts de Lausanne (MCBA) commence une collection. Il achète pour 750 francs un tableau à Félix Vallotton, né à Lausanne le 28 décembre 1865 et qui mourra à Neuilly-sur-Seine le 29 décembre 1925. Cent ans après sa disparition, la Suisse célèbre le peintre et graveur. Lausanne lui témoignera sa fidélité cet automne – Vallotton Forever – en présentant plus de 200 de ses œuvres. Le Musée Jenisch lance la fête dès le 29 janvier avec Vallotton, un hommage, invitant au dialogue des artistes contemporains. Au printemps, c’est le Kunstmuseum de Winterthour qui se souvient, en exposant quelque 150 œuvres, d’un visiteur apprécié de la Villa Flora. A Ascona, on pourra voir des paysages, des natures mortes et des nus venus de collections privées. Enfin, Photo Elysée et le Musée cantonal de design et d’arts appliqués (mudac) rendront hommage, en fin d’année, chacun à leur manière, à l’illustre Lausannois.
«Vallotton Forever», MCBA, Lausanne, du 24 octobre 2025 au 15 février 2026
«Vallotton, un hommage», Musée Jenisch, Vevey, du 29 janvier au 25 mai 2025
«Félix Vallotton, Illusions perdues», Kunstmuseum Winterthour du 12 avril au 7 septembre 2025
«Félix Vallotton, un Monumento alla bellezza», du 11 mai au 7 septembre 2025
Jean Tinguely, disparu en 1991, est né à Fribourg le 22 mai 1925. C’est l’autre centenaire suisse de l’année. Sa ville natale, qui lui dédie déjà un espace pérenne, lui consacrera, à la fin de l’année, une exposition intitulée «Jean Tinguely, émetteur poétique». Le 22 mai, c’est à Bâle, dans le parc qui entoure le Musée Tinguely, que sera installé un hommage en forme de train fantôme, imaginé par l’artiste anglaise Rebecca Moss et le Suisse Augustin Rebetez. A Genève, le Musée Rath présentera Jean Tinguely, 100 ans de cinétique mécanique, dès le 23 mai. A noter que, quelques jours plus tard, à Paris, s’ouvrira au Grand Palais une vaste exposition consacrée à Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Pontus Hultén.
«Jean Tinguely, émetteur poétique», Musée d’art et d’histoire de Fribourg, du 21 novembre 2025 au 22 février 2026
«Art Ghost Train» de Rebecca Moss et Augustin Rebetez, parc du Musée Tinguely, Bâle du 22 mai au 20 août 2025
«Jean Tinguely 100 ans de cinétique mécanique», Musée Rath, Genève du 23 mai au 7 septembre 2025
«Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hultén», Grand Palais, Paris, du 6 juin 2025 au 4 janvier 2026
De grands lavis colorés, des gravures monochromes, rouges, noires ou parées de teintes profondes, des vidéos et même de la sculpture. Tous ces médiums racontent, au Musée Jenisch, l’art sensible et mystérieux de Françoise Pétrovitch. Jouant avec le papier, le dessin, les couleurs, les épargnes, les rythmes, l’artiste française explore le temps de la jeunesse, de l’enfance, de l’adolescence, elle en dit les solitudes, les défis, les secrets.
Françoise Pétrovitch. De l’absence, Musée Jenisch, Vevey, du 29 janvier au 25 mai 2025
C’est une figure incontournable de la scène artistique italienne de la seconde moitié du XXe siècle. Marisa Merz (1926-2019) a développé ses propres œuvres, poétiques et puissantes, référentielles, composées de matériaux bruts ou domestiques, au sein du groupe très masculin des artistes de l’Arte Povera. Le Kunstmuseum de Berne présente une vaste et rare rétrospective du travail de cette artiste, souvent exposée en duo avec son époux, Mario Merz, comme ce fut le cas, en 2022, au Musée Rath.
C’est encore une affaire de naissance, à Genève cette fois. C’est là, en 1971, qu’a vu le jour l’artiste américaine Carol Bove. Elle a ensuite grandi à Berkeley, étudié à New York et travaille aujourd’hui à Brooklyn. A l’invitation de Marc-Olivier Wahler, elle revient dans sa ville natale pour se saisir, après Ugo Rondinone et Wim Delvoye, de la Carte Blanche format XL que propose, chaque année, le Musée d’art et d’histoire (MAH). L’occasion d’une nouvelle plongée conceptuelle et inventive dans les très éclectiques collections genevoises pour remonter le temps sur quelque 1500 ans.
Carol Bove, La Genevoise. Carte Blanche XL au MAH du 31 janvier au 22 juin 2025
Caroline Bachmann et son regard sur nos paysages, Guerreiro do Divino Amor et ses mises en scène des mythes helvétiques; Thomas Hirschhorn et son art du collage, de l’accumulation, des matériaux pauvres qui pointe nos politiques et notre richesse, ainsi que toute une série d’autres artistes suisses sont réunis par l’Aargauer Kunsthaus pour interroger le principe de neutralité dont se réclame la Suisse en politique internationale. Une exposition qui s’annonce passionnante, et qui, une fois encore, après Stranger in the Village en 2023, abordera par l’art une question politique et sociale.
Neutrality Model, Aargauer Kunsthaus, Aarau, du 1er février au 11 mai 2025
«L’atelier de la recherche patiente», c’est ainsi que Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965) décrivait sa démarche. Expérimenter, rechercher, esquisser, élaborer en dessinant, agençant l’espace, les formes, les couleurs. C’est au cœur de la fabrique du grand architecte du XXe siècle que nous entraîne le Zentrum Paul Klee, qui, avec le talent didactique qui distingue ses expositions, veut donner à voir et à comprendre «l’ordre des choses», selon Le Corbusier.
Le Corbusier. L’Ordre des choses, Zentrum Paul Klee, Bern, du 8 février au 22 juin 2025
Après Hodler et le Léman en 2018, le Musée de Pully retrouve le peintre pour Hodler – Un modèle pour l’art suisse, une exposition organisée avec le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel (MAHN). Ferdinand Hodler (1853-1918) n’a pas laissé indifférents ses contemporains, comme Cuno Amiet ou Félix Vallotton que l’exposition se propose de mettre en regard de ses œuvres. A Neuchâtel, trois artistes contemporains, Claudia Comte, Didier Rittener et David Weishaar interrogeront à leur tour la postérité de Hodler. Un autre dialogue, avec le Tessinois Filippo Franzoni se nouera dans une exposition présentée ce printemps à Lugano.
Hodler – un modèle pour l’art suisse, Musée de Pully du 14 février au 15 mai puis au MAHN du 22 juin au 12 octobre 2025
Ferdinand Hodler, Filippo Franzoni au Museo d’arte della svizzera italiana (MASI) à Lugano du 13 avril 2025 au 10 août 2025
Peut-on traduire une impression en sculpture? Peut-on, dans la matière, capter la fugacité d’une expression, le temps qui s’enfuit, l’atmosphère impalpable qui entoure un sujet? Le sculpteur franco-italien Medardo Rosso (1858-1928) a tenté cette folle aventure. Si vous ne connaissez pas encore cet artiste étonnant, dont les œuvres semblent parfois sur le point de se dissoudre dans l’air, saisissez cette occasion de découvrir les œuvres de bronze, de plâtre, de cire, les photographies et les dessins témoins de son extraordinaire quête artistique.
Medardo Rosso, Kunstmuseum de Bâle, du 29 mars au 10 août 2025.
Le Musée d’art du Valais lance son premier cycle annuel d’expositions qui mêle les pépites de sa collection et des propositions d’art contemporain. Sous le titre Les Grands Espaces, le musée scrutera les paysages tirés de sa collection, qui se meuvent entre figuration et abstraction; l’artiste contemporaine Vivian Suter, prix Meret Oppenheim en 1991, imaginera, sous le titre Moving Nature une grande installation au dernier étage du bâtiment, tandis que Magali Dougoud, avec Aux eaux promises, explore l’univers aquatique et ses mythes, du Valais à la République du Congo.
Les Grands Espaces, Musée d’art du Valais, Sion, du 6 avril 2025 au 11 janvier 2026
C’est une invitation à découvrir, dans la ville du mouvement dada, une dadaïste restée dans l’ombre de sa fratrie d’artistes. Suzanne Duchamp, née le 20 octobre 1889 à Blainville-Crevon et morte le 11 septembre 1963 à Neuilly-sur-Seine, est la sœur de Marcel Duchamp, de Raymond Duchamp-Villon et de Jacques Villon. Elle n’en est pas moins à l’origine d’une œuvre qui compte dans l’histoire des avant-gardes, et qui allie, nous dit le Kunsthaus qui présentera une soixantaine de ses travaux, esthétique et humour.
Suzanne Duchamp. Kunsthaus de Zurich du 6 juin au 7 septembre 2025
Miró, Taeuber-Arp, Picasso, Kandinsky, Klee, Mondrian, tous ont été montrés, en 1935, dans Thèse, Antithèse, Synthèse, une exposition mémorable au Kunstmuseum de Lucerne, lequel était ouvert depuis peu. Au même moment, l’Allemagne nazie classait ces artistes, figures majeures des avant-gardes, comme «dégénérés». Lucerne, 90 ans plus tard, se propose de remonter cette exposition historique, invitant ainsi non seulement à contempler des chefs-d’œuvre, mais aussi à une réflexion sur les rapports de l’art et des extrêmes en période trouble.
On ne présente plus Yayoi Kusama, l’artiste japonaise, née en 1929, qui décline inlassablement ses couleurs acides, ses pois, ses miroirs, ses lignes, ses courges, ses courbes opulentes et serpentines. La Fondation Beyeler organise sa première rétrospective en Suisse, l’occasion de découvrir la multiplicité des supports et des univers – peintures, sculptures, environnements, dessins, collages, happenings, mode et performances qui accueillent sa grammaire singulière.
Yayoi Kusama, Fondation Beyeler, Bâle, du 12 octobre au 25 janvier 2026