Le réseau social chinois n’est actuellement plus accessible aux internautes américains, et il n’est plus possible de télécharger l’app sur son téléphone. Le président élu pourrait intervenir dès lundi
C’est une première à cette échelle: le bannissement total d’un réseau social aux Etats-Unis. Tard samedi soir, ByteDance, maison mère de TikTok, a cessé de rendre accessible sa plateforme aux 170 millions d’utilisateurs américains. En parallèle, l’app n’est plus téléchargeable via les magasins d’applications de Google et Apple. Mais dès lundi, jour de son investiture, Donald Trump pourrait permettre le retour du réseau social chinois aux Etats-Unis, peut-être de manière temporaire.
Actuellement, lorsque les utilisateurs américains ouvrent l’app, ils sont confrontés à ce message: «Désolé, TikTok n’est actuellement pas disponible dans votre pays ou région. Une loi interdisant TikTok a été promulguée aux États-Unis. Malheureusement, cela signifie que vous ne pouvez pas utiliser TikTok pour le moment. Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il travaillerait avec nous sur une solution pour rétablir TikTok une fois qu’il aura pris ses fonctions. Restez à l’écoute!». A noter que TikTok reste disponible partout ailleurs – sauf en Inde où l’app avait été précédemment bannie.
L’extinction de l’application intervient après que la Cour suprême a confirmé à l’unanimité, vendredi, la loi sur la protection des Américains contre les applications contrôlées par des adversaires étrangers, que le président Joe Biden avait signée en avril. ByteDance avait jusqu’à ce dimanche pour soit revendre ses activités aux Etats-Unis à des investisseurs américains, soit débrancher son app.
Immédiatement après, ce vendredi, ByteDance avait annoncé que son service cesserait de fonctionner pour les Américains, à moins que l’administration actuelle n’intervienne. Or cette dernière avait fait savoir qu’elle laisserait Donald Trump gérer ce dossier.
Le président élu, qui sera président tout court ce lundi, va certainement agir. Il pourrait décider de prolonger le délai de bannissement de 90 jours, mais il devrait alors démontrer que des négociations juridiquement contraignantes sont en cours pour la vente de TikTok à des propriétaires américains, relevait dimanche le site Axios. Samedi soir, Donald Trump avait déclaré sur NBC qu’il accorderait «très probablement» à TikTok un sursis de 90 jours contre une éventuelle interdiction aux États-Unis après sa prise de fonction lundi: «Je pense qu’il s’agit d’une option que nous envisageons. La prolongation de 90 jours est quelque chose qui sera très probablement fait, parce que c’est approprié».
Il faudra désormais observer quelles seront les réactions ce dimanche aux Etats-Unis, et si Donald Trump s’exprimera à nouveau sur ce dossier. Lundi, il devrait croiser, lors de son intronisation, Shou Chew, directeur de TikTok, qu’il a invité à cet événement. Notons que TikTok n’avait pas l’obligation légale de débrancher ses serveurs dès ce dimanche, il aurait pu laisser l’app fonctionner, mais sans que de nouvelles mises à jour soient disponibles, et sans que de nouveaux utilisateurs puissent la télécharger. En choisissant la manière forte, TikTok veut mobiliser les 170 millions d’utilisateurs de TikTok en sa faveur. Le réseau social chinois met aussi une pression importante sur Donald Trump.
Rappelons que ce dernier s’était prononcé, lors de son premier mandat, en faveur d’un bannissement de l’app, accusée d’espionnage à la solde de Pékin. Il a depuis effectué un virage à 180 degrés sur ce dossier, a priori pour s’attirer les grâces de millions de jeunes Américains.
A noter aussi que la version américaine de TikTok pourrait être revendue, idée à laquelle ByteDance s’est toujours opposée. Les noms de l’homme d’affaires Frank McCourt, d’Elon Musk ou encore de la start-up d’intelligence artificielle Perplexity AI ont été évoqués ces dernières heures.