Vertiges autour du «moi véritable», porosité entre les mondes: après plusieurs recueils de nouvelles, l’auteur japonais revient au roman en reprenant tous les motifs qui ont fait son succès
Les aficionados de Murakami (on les compte en millions) vous le diront: le plaisir de la répétition fait partie du kif. Ouvrir un roman de l’écrivain japonais revient à entamer une danse de derviche, à tourner et tourner encore entre les mondes, les réalités, les perceptions. Il s’agit d’entrer (ou pas) dans la transe provoquée par un rythme très particulier, une lenteur qui tient à la fois du rêve et de la banalité la plus répétitive, un tempo immuable que l’écrivain japonais manie, en chef d’orchestre, de la première à la page 548 de La Cité aux murs incertains. Le fantastique, dans lequel on glisse toujours comme par une porte dérobée, un puits au fond du jardin ou, ici, en traversant un mur mouvant comme une membrane, constitue l’autre caractéristique de ce continent romanesque.
Après les succès hors norme (aussi bien commerciaux que critiques) de ses romans les plus emblématiques (Les Amants du Spoutnik, Kafka sur le rivage, les trois tomes d’1q84, les deux tomes du Meurtre du commandeur), voilà plusieurs années qu’Haruki Murakami s’en tenait à la nouvelle, aux récits de voyage, aux recueils de souvenirs. 2025, pour la traduction française, sonne ainsi, à grand renfort de publicités tous azimuts, comme le grand retour du maître au roman.
Voir plus