Pour les prétendants au top 10, la dernière semaine de course s’annonce intense, avec un match toujours aussi ouvert. Justine Mettraux est attendue aux Sables-d’Olonne le 24 janvier
Cela fait des semaines qu’on actualise, plusieurs fois par jour et par nuit, la cartographie en ligne du Vendée Globe. Dans la course au large, l’essentiel se joue hors de notre vue. Le corps et les manœuvres du marin sont masqués. Les skippers transmettent des vidéos, commentent leurs aventures, mais le rendu sportif n’est pas à la hauteur de l’épreuve. Elle manque de chair. Alors on imagine et on s’accroche à ces routes en 2D, on observe le planisphère et les bateaux virtuels aux étraves nerveuses. Mardi, le bateau de Charlie Dalin a traversé l’écran, il est sorti de la cartographie, a émergé de cette guirlande de guinguette océane. Il y a eu scission des matières, dissociations des plans, les lignes ont pris forme, le volume nous est apparu et c’est, à ce moment-là, comme une histoire intime qui a pris fin.
La voilure s’est découpée sur l’horizon rose orangé à la lueur du petit matin, avec la pleine lune encore proche dans le ciel, les images sont superbes. L’apparition a quelque chose de magique, c’est émouvant. Mais ce qui frappe, c’est que le temps et l’espace sont désormais les mêmes pour lui et pour nous. En se rapprochant, le marin s’éloigne. Sa présence physique devient une frontière. Elle joue un rôle de médiation entre le rêve et la réalité, les cartes et le relief, la surface et le globe, entre l’expression et la sublimation. Et on réalise: cet homme a fait le tour de la planète, il rentre d’un long voyage.
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