ÉDITORIAL. Présents dans le pays depuis au moins un millénaire, les Yéniches espèrent une reconnaissance pour les persécutions subies tout au long du XXe siècle. La Suisse leur doit bien une place, dans l’histoire et sur le territoire

Reconnus comme une minorité nationale depuis 2016, ils vivent en Suisse au moins depuis le XIe siècle. Aujourd’hui, seuls 2000 à 5000 des 30 000 à 50 000 Yéniches du pays voyagent encore. Un peu partout, ils sont malvenus. Les préjugés dont ils sont la cible ont eux aussi une longue histoire. Au cours du siècle dernier, ils ont sans doute subi une tentative de génocide. Très attendu, l’avis de droit qui doit répondre à cette vertigineuse question sera bientôt rendu public. Cette analyse est essentielle, mais elle ne suffira pas.

Il y a quelques jours, l’Etat du Valais s’excusait pour les enfants placés et leur dédiait un mémorial. Au cours du XXe siècle, la société suisse a très durement traité ses pauvres, et surtout ceux qu’elle considérait comme marginaux. Mais le sort réservé aux Yéniches semble d’une nature différente. Tout indique que la Suisse a cherché à effacer leur culture et même leur génétique, au moment même où des centaines de milliers de Tsiganes étaient exterminés par l’Allemagne nazie.