Souvent cité parmi les favoris potentiels à la succession de la ministre démissionnaire Viola Amherd, le sénateur saint-gallois Benedikt Würth ne postulera pas. Il ne souhaite pas voir sa vie chamboulée par un mandat gouvernemental. Au parlement, certains pensent que la question de son canton d’origine a pesé dans la balance

La course à la succession de Viola Amherd au Conseil fédéral se décante. Ce vendredi, c’est le sénateur saint-gallois Benedikt Würth qui a communiqué ne pas se porter candidat, faisant suite au renoncement de la sénatrice Isabelle Chassot (FR). En peu de temps, deux favoris potentiels annoncent ne pas entrer dans l’arène. La voie semble se libérer pour les autres papables du parti Le Centre, Gerhard Pfister, Martin Candinas, et une ou plusieurs femmes, comme Andrea Gmür, ou Heidi Z’graggen.

A presque 57 ans, Benedikt («Beni») Würth fait taire les rumeurs autour d’une possible postulation au gouvernement. Dans une déclaration écrite, il dit «répéter et confirmer, ce que j’ai déjà dit récemment (16 juillet 2024) dans une interview avec Tamedia. Devenir conseiller fédéral ne fait plus partie de mon plan de vie. Le sujet est clos pour moi. Je me sens extraordinairement à l’aise dans mes activités politiques et professionnelles et vais les poursuivre en m’engageant beaucoup».

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Vie privée

Joint peu après au téléphone, le Saint-Gallois invoque également des «réflexions personnelles. J’en ai parlé avec ma famille. Le mandat de conseiller fédéral est passionnant, mais il chamboule toute une vie.» Il rappelle avoir «pris sa décision l’été passé», et insiste: «Provenir du même canton que la ministre en fonction Karin Keller-Sutter n’a joué aucun rôle dans mon choix. Si j’avais été candidat, j’aurais eu de bonnes chances d’être élu.»

Ce dernier point faisait effectivement figure de handicap principal pour Benedikt Würth. Le parlement, qui élit le gouvernement, n’apprécie pas énormément de placer deux ministres du même canton dans un collège de sept magistrats. Raison: diversifier les régions et tenir compte des différentes sensibilités.

Il ne faut certes pas y voir une règle intangible, puisque dans le passé le Conseil fédéral a compté par moments deux Zurichois ou deux Bernois. Mais il s’agit de grands cantons, à la population élevée, ce qui permet de justifier cet écart aux us et coutumes helvétiques.

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La question de Karin Keller-Sutter

Outre la pure origine cantonale, certains parlementaires trouvent Benedikt Würth trop proche, sur le plan des idées et de l’entente, de Karin Keller-Sutter. Une similarité qui ne plaît pas à tout le monde.

Reste que le quinquagénaire possède un profil gouvernemental. Ancien membre de l’exécutif de son canton, il s’est rapidement imposé comme une forte personnalité du Conseil des Etats, n’hésitant pas à tenir tête au président de son parti, Gerhard Pfister. Son positionnement assez conservateur, au centre-droit, lui octroyait de bonnes chances sur le papier dans un parlement à majorité bourgeoise.

Sa collègue de parti, Marie-France Roth Pasquier (FR) ne cache d’ailleurs pas sa «surprise», imaginant «qu’il a dû penser ne pas avoir les meilleures chances de figurer sur le ticket de candidats soumis au parlement pour l’élection, en raison de son canton de provenance». Une hypothèse souvent émise dans les travées du parlement, même si le principal intéressé la nie catégoriquement.

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