L’entreprise SpaceX a perdu jeudi tout contact avec le second étage de sa mégafusée Starship lors d’un nouveau vol d’essai, mais réussi la complexe manœuvre de rattrapage du premier étage. En toile de fond, se joue un duel entre Elon Musk et Jeff Bezos

L’entreprise SpaceX d’Elon Musk a perdu jeudi tout contact avec le second étage de sa mégafusée Starship lors d’un nouveau vol d’essai au cours duquel elle a toutefois réussi la complexe manœuvre de rattrapage du premier étage, une prouesse. Ce vol test devait être une démonstration de force pour SpaceX, quelques heures après le succès signé par Blue Origin, l’entreprise spatiale du fondateur d’Amazon Jeff Bezos, qui a mené son premier vol en orbite.

La société d’Elon Musk a montré encore une fois sa maîtrise technique en parvenant à rattraper pour la deuxième fois le premier étage de sa mégafusée Starship, la plus grande jamais construite. Mais les applaudissements nourris et les cris de joie des employés se sont rapidement taris quand un responsable a annoncé la perte de communication avec le second étage.

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Une explosion qui «aidera à améliorer la fiabilité de Starship»

«Nous avons perdu toute communication avec le vaisseau», a déclaré Dan Huot lors d’une retransmission vidéo, avant de préciser qu’il y avait «eu une anomalie avec l’étage supérieur». SpaceX a ensuite confirmé sur ses réseaux que le vaisseau Starship, donnant son nom à l’ensemble de la fusée, avait fait l’objet d’un «désassemblage rapide non programmé». Autrement dit: il a explosé.

«Le succès vient de ce que nous apprenons, et le vol d’aujourd’hui nous aidera à améliorer la fiabilité de Starship», a assuré l’entreprise sur X, réseau dont Elon Musk est également le propriétaire. De son côté, le régulateur américain de l’aviation, la FAA, a rapporté avoir «brièvement ralenti et détourné les avions autour de la zone de chute des débris de véhicules spatiaux». «Les opérations normales ont repris», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Des tests à haut risque

Après avoir réussi en octobre dernier à récupérer pour la première fois le propulseur de la fusée, nommé Super Heavy, Elon Musk cherchait à prouver que cet exploit technique n’était pas le fruit du hasard. Avec succès: quelques minutes après le lancement et la séparation des deux étages, le propulseur est redescendu de manière contrôlée vers le pas de tir, où il a été immobilisé par des bras mécaniques installés sur la tour de lancement, surnommés «les baguettes».

Espérant réitérer cette impressionnante manœuvre en présence du président élu Donald Trump, SpaceX avait dû abandonner la tentative peu après le décollage, laissant le propulseur se désintégrer dans le golfe du Mexique. Depuis le dernier essai, des «améliorations majeures» avaient été apportées à Starship, une fusée pensée pour aller sur la Lune et Mars, avait indiqué SpaceX.

L’entreprise est connue pour enchaîner les tests à haut risque afin d’adapter rapidement sa fusée en fonction des problèmes rencontrés. Une méthode risquée qui a fait son succès, SpaceX ayant pris une grande avance sur sa concurrente Blue Origin.

Duel entre les deux hommes les plus riches du monde

Avec sa nouvelle fusée New Glenn, Jeff Bezos, qui a adopté une démarche plus prudente, entend remettre en cause la domination d’Elon Musk sur le marché des vols commerciaux orbitaux. Les deux hommes les plus riches au monde ont fondé au début des années 2000 leurs entreprises spatiales et se disputent depuis la vedette dans le domaine.

Connus pour ne pas s’entendre, ils se sont toutefois largement salués jeudi, Jeff Bezos souhaitant «bonne chance» à son rival Elon Musk avant le décollage, quelques heures après que ce dernier se soit empressé de le féliciter «pour avoir atteint l’orbite dès la première tentative!».

Un échange d’amabilités qui détonne mais s’inscrit dans un contexte de rapprochement général du milieu de la tech autour de Donald Trump: la plupart des patrons du secteur assisteront à son investiture lundi. Elon Musk a dépensé des dizaines de millions de dollars pour soutenir la campagne présidentielle du républicain et a décroché en échange un poste de conseiller, soulevant des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts avec le gouvernement. Leur grand rapprochement fait d’ailleurs planer l’inquiétude sur d’éventuelles répercussions négatives pour les activités de Jeff Bezos.

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