Des activistes sud-coréens ont accroché le poster d'un photomontage du leader de Pyongyang emprisonné sur la porte d'entrée de la mission nord-coréenne à Genève. L'histoire de cette campagne révèle les divisions politiques de la société sud-coréenne.

Le 6 novembre dernier, Yi Je-seok se rend au numéro 1 du chemin de Plonjon, une impasse de la rive gauche à Genève. Après trois tentatives, il parvient à fixer un poster sur la grande porte en fer de l’entrée. C’est un photomontage qui montre Kim Jung-un, le leader nord-coréen, derrière des barreaux en tenue orange de prisonnier sur laquelle on peut lire: «Arrest one. Save millions». Yi Je-seok prend quelques photos et un collaborateur filme la scène. «J’ai eu un contact visuel avec les gardes à l’intérieur, mais sans pouvoir leur parler. Quand une voiture est sortie, j’étais tellement effrayé que j’ai fui en courant», témoigne-t-il depuis Séoul.

Le coup n’était pas sans danger. L’adresse est celle de la mission de la République populaire démocratique de Corée, c’est-à-dire la Corée du Nord, le dernier régime totalitaire. Publicitaire de renom, Yi Je-seok participe à une campagne pour dénoncer les «crimes contre l’humanité» du dirigeant de Pyongyang. «En cas de confrontation directe avec des officiels, il y aurait pu y avoir un sérieux conflit, raconte-t-il. Je suis un artiste à succès, je suis riche et connu, et je n’ai plus la témérité de mettre ma vie en danger.» L’opération n’en reste toutefois pas là. Le poster est ensuite exhibé sur la place des Nations, en face du Palais de l’ONU où doit se tenir le lendemain l’Examen périodique universel de la Corée du Nord dans le cadre du Conseil des droits de l’homme. Cette fois-ci, la police intervient et confisque le poster au motif que cette manifestation n’avait pas été annoncée. «Je suppose qu’elle a été alertée par un agent nord-coréen.»

Voir plus