COMMENTAIRE. A lui seul, le retour du président républicain fait bouger les lignes des conflits. Comme si chacun tentait de ranger la maison avant que ne s’engouffre par la fenêtre le typhon Trump. Mercredi soir a été annoncé un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas
Le monde sera-t-il devenu un endroit plus sûr d’ici au 20 janvier? Du Proche-Orient à l’Ukraine, l’arrivée prochaine de Donald Trump à la Maison-Blanche semble déjà produire des effets. L'accord entre le Hamas et Israël, annoncé mercredi soir mais qui doit encore être ratifié par l'Etat hébreu, pourrait permettre au Proche-Orient de reprendre son souffle, avec un échange entre otages et prisonniers, ainsi que l’instauration d’un cessez-le-feu à Gaza.
En Ukraine, les promesses du président élu de mettre fin à la guerre en un seul jour, même si elles se sont délayées entre-temps, forcent chacun à se repositionner, donnant des espoirs à certains ou, à tout le moins, un sentiment que les choses devraient avancer.
Un «cadeau de bienvenue» offert par les Israéliens à Donald Trump? C’est, avant tout, la preuve cinglante de l’incapacité (ou de l’aveuglement) dont a fait preuve son prédécesseur Joe Biden à l’heure d’abréger l’agonie palestinienne, se refusant à exercer la moindre pression réelle sur Israël. Quels sont les gages – tacites ou formels – donnés par Donald Trump au pouvoir israélien pour le convaincre de suspendre le désastre à Gaza? Combien de temps durera le cessez-le-feu, et par quelles mesures en faveur d’Israël sera-t-il suivi, à l’égard notamment des colons israéliens? A elles seules, ces interrogations mettent à mal l’idée d’un retour magique à la paix dans une frange palestinienne transformée en champ de ruines.
En Ukraine, vu la communauté d’esprits, et parfois d’intérêts, de Donald Trump et Vladimir Poutine, les interrogations ne sont que plus saillantes encore. La paix, mais au prix de quelles concessions? Cela fait des mois que la question hante sans doute les nuits des responsables ukrainiens, qui en sont réduits, par la violence des attaques russes et par l’abattement de leur propre population, à espérer le moins pire des dénouements.
Au-delà de ces deux conflits qui ne se résoudront au mieux qu’avant longtemps, c’est comme si chacun tentait de ranger la maison avant que ne s’engouffrent par la fenêtre le typhon Trump et son lot de conséquences imprévisibles. Voilà le Liban, après deux ans, muni d’un président et d’un premier ministre tout neufs, prêts à fonctionner. Voilà les Européens qui, malgré leurs profondes divisions, remettent sur le métier l’idée de défendre ensemble non seulement le territoire européen, mais aussi le principe même de la démocratie. Voilà même la Corée du Sud qui finit par mettre la main sur son président félon, comme pour mieux pouvoir laver le linge sale en famille.
Ailleurs, on se prépare d’autres manières. Dans le Caucase, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, le temps a été suspendu en attendant cette venue américaine. L’Iran voisin tente, lui, de possibles accommodements avec les Européens, par le biais notamment de discussions à Genève. Pour chacun, la même inconnue: quelle sera la marge de manœuvre qu’accordera Trump II à ces territoires étrangers à l’Amérique, dont il ne se soucie, au fond, que bien peu.