L’écrivaine, elle-même plasticienne et membre de l’Oulipo, signe un livre joyeux et décalé sur les derniers moments de Bernard, sculpteur et bricoleur de haut vol, qui a eu droit à un «enterrement de pharaon»
Chez les Mélois, famille d’artistes, on meurt comme on a vécu: dans un élan de créativité chorale, joyeuse et un brin bordélique. Dans Alors c’est bien, Clémentine Mélois fait le récit des derniers jours de la vie de son père Bernard et en propose un portrait intime et ému. Pour s’emparer d’un sujet aussi grave, l’autrice, qui est aussi plasticienne et membre de l’Oulipo, ne se départit pas de ce qui fait la marque de fabrique de ses livres, une écriture pétillante, décalée et drôle. On aura souvent les yeux embués, autant qu’on éclatera de rire, en lisant ce livre.
«C’est là que nous avons vécu.» Une ferme en ruine à la lisière de la forêt, acquise avec son épouse Michèle en 1971 et retapée par Bernard, bricoleur de génie. Il a passé là, depuis, toutes ses journées, au fond du chaos organisé de son atelier, à l’écart des vernissages et des mondanités, entouré d’une gerbe d’étincelles, à souder ses sculptures en chantonnant – faux – Petite Fleur. L’œuvre de Bernard Mélois était «fille des Trente Glorieuses», puisque son matériau de prédilection était la tôle émaillée provenant des brocs, bassines, cafetières et autres objets en émail dont tout le monde se débarrassait: il n’y avait qu’à se servir parmi les rebuts. Clémentine Mélois conserve des virées en famille en Méhari, à écumer les décharges publiques, une «madeleine olfactive» composée d’un «délicieux mélange de plastique brûlé et de charogne».
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