L’Australien Adam Elliot transcende la pâte à modeler dans un conte tragique sombre sans être glauque. Son «Mémoires d’un escargot» est d’une bouleversante humanité

Il était une fois Grace et Gilbert, des jumeaux australiens partageant la devise «deux âmes mais un cœur», au destin semé de tragiques coups du sort. Après le décès en couches de leur mère, voici que leur saltimbanque de père, qui a sombré dans l’alcoolisme après un accident qui l’a rendu paraplégique, meurt à son tour. Comme personne ne veut de jumeaux, Grace et Gilbert sont séparés par les services sociaux. Et tandis que la première est adoptée par un couple libertin sympathique mais guère attentif à elle, le second échoue au fin fond du bush au sein d’une famille de fanatiques religieux. Grace a hérité de sa mère une passion pour les escargots, et c’est ce qui va la sauver d’une solitude pesante tout en la poussant à elle aussi se fabriquer une coquille pour s’extraire de la violence du monde.

Quinze ans après Mary et Max, sur l’improbable relation épistolaire entre une fillette australienne marginale et un quadragénaire new-yorkais autiste, voici enfin le second long métrage en animation de volumes d’Adam Elliot. Lauréat l’an dernier du Cristal du meilleur film au Festival international d’animation d’Annecy, une récompense déjà obtenue par Mary et Max, Mémoires d’un escargot est un conte abordant à nouveau des sujets graves, mais empreint d’une poésie et d’une humanité paradoxalement exacerbées par l’utilisation de personnages en pâte à modeler.

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