À l'occasion du Forum Horizon organisé par Le Temps le 30 janvier, plongée dans L’horlogerie suisse. Le secteur connaît-il sa pire année? La chute de la consommation des biens de luxe en Chine donne un sérieux coup de frein à l’industrie depuis fin 2023
L’horlogerie souffre en ce moment. Et ce n’est pas inhabituel. L’historien Pierre-Yves Donzé a établi que sur une longue période historique qui commence au XIXe siècle, l’horlogerie a connu en moyenne une année sur quatre de récession. Alors, est-ce qu’on est en crise en 2025? On va commencer par amener une petite nuance: l’industrie continue à fonctionner à haut régime. Même s’il y a un ralentissement, les acteurs qui portent le secteur vont toujours assez bien et l’industrie suisse n’a toujours pas de concurrence directe. On produit toujours moins de montres mais elles valent toujours plus cher.
La grande question, c’est quand est-ce que la croissance va revenir? Personne ne s’attend à un retournement de marché avant la deuxième partie de l’année. Peut-être pas avant 2026.
D’où vient le problème? Il y a des causes externes: inflation, toute l’insécurité géopolitique, la force du franc. Mais il y a un facteur principal qui est la Chine. La Chine a été un moteur de croissance pendant près de vingt-cinq ans et ce moteur, en 2024, s’est arrêté.
Pascal Botteron, de Cité Gestion, se veut rassurant: «Il y a des marchés alternatifs: l’Inde et le Mexique, auxquels il faut ajouter les Etats-Unis, où la consommation des biens de luxe augmente aussi.»
Donc, il y a des causes externes et puis il y a aussi une cause qui est propre à l’industrie, dans laquelle les capacités de production sont toujours sous tension.
Ce phénomène débouche invariablement sur la saturation des canaux de distribution. En clair, il y a trop de montres sur le marché et il faudra absorber ces stocks avant de pouvoir entamer la prochaine phase de croissance. C’est exactement là où on se trouve aujourd’hui.
«On sent qu’il y a une nervosité ambiante pour utiliser des termes choisis» confie Jérôme Biard, directeur de Roventa Henex, fabricant de montres pour des marques clientes (Private label) avant de reprendre: «On prévoit, pour le premier trimestre 2025, de faire appel aux réductions horaires de travail pour certains ateliers. On se rend compte qu’il faut produire moins mais être plus en phase avec le marché».
Cette vidéo a été réalisée dans le cadre du Forum Horizon, un événement organisé par Le Temps le 30 janvier prochain à l’IMD Lausanne afin d’explorer les pistes de renforcement de la Suisse sur la scène internationale. le jeudi 14 novembre à L’Université de Lausanne. Plus d’informations