Primé pour son scénario à la dernière Mostra de Venise, «Je suis toujours là», du Brésilien Walter Salles, a secoué son pays en retraçant l’histoire vraie d’une famille victime de la dictature militaire

Au moment même où les Etats-Unis écrivent leur scénario du pire, la démocratie brésilienne, elle, relève la tête. Déjà prononcé inéligible pendant huit ans pour abus de pouvoir, l’ex-président populiste de droite Jair Bolsonaro fait à présent face à des accusations sérieuses de tentative de coup d’Etat, lui qui n’a jamais caché son admiration pour la dictature militaire qui dirigea son pays d’une main de fer entre 1964 et 1985. Et voilà qu’un film réveille enfin les consciences assoupies. Avec déjà trois millions de spectateurs en salle au Brésil et bientôt qui sait combien sur petit écran, Je suis toujours là, de Walter Salles, est devenu un film phénomène. Et plutôt qu’une comédie vite oubliée, voici un drame qui invite à ne jamais oublier les terribles abus perpétrés en ce temps-là.

On le doit à un revenant. En effet, l’auteur des tant appréciés Central do Brasil (1998) et Carnets de voyage (2003) s’était fait excessivement rare. Malgré un beau retour en forme avec son adaptation du Sur la route (2012), aussi bien son drame néoréaliste Une Famille brésilienne qu’un documentaire exemplaire consacré à son confrère Jia Zhang-ke sont restés inédits en Suisse, avant que la présidence Bolsonaro (2019-2022) ne lui coupe les ailes. Entrepris au sortir de ce cauchemar, Je suis toujours là, avec son titre qui résonne, ne doit donc rien au hasard.

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