Devant l’Assemblée nationale, le nouveau premier ministre français François Bayrou a indiqué remettre le «chantier» des retraites sur la table et pointé la nécessité de sortir la France du surendettement

Alors que la France traverse une période d’instabilité inédite depuis des décennies, la déclaration de politique générale du nouveau premier ministre François Bayrou, cet après-mid devant l’Assemblée nationale, est particulièrement scrutée. Nommé en décembre, le chef du gouvernement – le quatrième en un an en France – a pour premier défi d’éviter la censure de la gauche tout en conservant ses alliés de droite.

Durant cet exercice, le chef du gouvernement a d’abord signifié l’opportunité qu’offrait, selon lui, la période d’instabilité que traverse l’Hexagone: «au risque de vous surprendre, je crois que cette situation est un atout. Parce que quand tout va bien, on s’endort sur ses lauriers. Et quand tout paraît aller mal, on est contraint au courage», a dit le premier ministre, soulignant «le besoin, l’exigence, l’injonction que le pays nous assigne (de) retrouver la stabilité». «Tous les Français en ont besoin. Ils comprennent bien que nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais ils nous enjoignent, je le crois, de joindre nos forces pour forcer les issues».

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Budget et retraites en ligne de mire

Premier thème évoqué lors de son discours de politique générale, le surendettement du pays est préoccupant selon le premier ministre, qui y voit «une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social». «Depuis la guerre, la France, dans son histoire, n’a jamais été aussi endettée qu’elle l’est aujourd’hui. Aucune politique de ressaisissement et de refondation ne pourra être conduite si elle ne tient pas compte de cette situation de surendettement et si elle ne se fixe pas comme objectif de la contenir et de la réduire», a déclaré François Bayrou, visant un déficit public à 5,4% du PIB en 2025. «Tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité dans la situation créée ces dernières décennies», a assuré le premier ministre.

Le sort qu’il entend réserver à la controversée réforme des retraites, entrée en vigueur en septembre 2023, est aussi au cœur des observations, étant un des points centraux du compromis qu’il doit trouver entre les différents partis politiques pour éviter une censure des députés. François Bayrou a négocié durant plusieurs semaines avec la gauche. Le premier ministre a expliqué à ce propos qu’il n’entendait ni abroger, ni suspendre cette réforme, mais lancer une renégociation pendant trois mois environ. «Je choisis de remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref et dans des conditions transparentes», a-t-il assuré. Mais l’équation reste délicate, car l’Assemblée nationale est fracturée en trois blocs (gauche, centre droit avec la droite et extrême droite), dont aucun ne dispose de la majorité absolue.

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Alors que son prédécesseur Michel Barnier avait tenté en vain d’obtenir un engagement de «non-censure» de l’extrême droite, François Bayrou mise cette fois sur la gauche et particulièrement les socialistes pour trouver une voie de passage.

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