«Plusieurs missiles balistiques à courte portée» ont été détectés mardi, le président sud-coréen par intérim a condamné les lancements. Ils interviennent une semaine après que Pyongyang a affirmé avoir testé un nouveau «missile hypersonique»

A quelques jours de l'investiture de Donald Trump, la Corée du Nord a lancé mardi «plusieurs missiles balistiques à courte portée tirés vers la mer de l'Est», autrement appelée mer du Japon, a annoncé l'état-major interarmées sud-coréen. L'armée sud-coréenne a précisé que le lancement avait eu lieu vers 9h30 locales (1h30 en Suisse) et que les missiles avaient parcouru 250 kilomètres avant de s'abîmer en mer.

«Les services de renseignement de la Corée du Sud et des Etats-Unis ont détecté et surveillé les préparatifs de lancement de missiles de la Corée du Nord à l'avance, et les ont immédiatement détectés et suivis au moment du lancement», a-t-elle ajouté.

Le président sud-coréen par intérim, Choi Sang-mok, a condamné les lancements, affirmant qu'ils violaient les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU): «Séoul répondra plus fermement aux provocations de la Corée du Nord sur la base de sa position de sécurité forte et de son alliance avec les Etats-Unis.»

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Pression avant l'investiture de Trump?

Ce lancement «pourrait indiquer une intention de faire pression avant le second mandat de l'administration Trump», estime Yang Moo-jin, président de l'Université des études nord-coréennes à Séoul.

Ce tir a eu lieu au lendemain de la visite du ministre japonais des Affaires étrangères Takeshi Iwaya en Corée du Sud, Séoul et Tokyo cherchant à renforcer leurs liens avant le retour du républicain à la Maison-Blanche.

Au cours de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait mené des tentatives très personnelles de rapprochement avec Kim Jong-un, qu'il avait rencontré à trois reprises. S'il avait échoué à obtenir de la Corée du Nord qu'elle renonce à son programme d'armes nucléaires, pour lequel le pays est lourdement sanctionné par l'ONU, ce rapprochement avait tout de même fait baisser les tensions entre les deux Corées.

Selon Ahn Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord, le lancement de mardi pourrait également viser à «déstabiliser la Corée du Sud pendant la période de troubles que traverse Séoul», le président sud-coréen déchu Yoon Suk-yeol, risquant d'être arrêté après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale début décembre.

Un tir de «missile balistique hypersonique» pendant la visite de Blinken

Il intervient aussi une semaine après que Pyongyang a tiré ce que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a présenté comme «un missile balistique hypersonique de portée intermédiaire» destiné à dissuader «tous les rivaux» du pays dans la région Pacifique. Kim Jong-un a déclaré que le missile avait parcouru 1500 kilomètres, à 12 fois la vitesse du son (Mach 12), soit plus que les 1100 kilomètres indiqués par l'armée sud-coréenne), avant de s'abîmer en mer du Japon. Un missile est qualifié d'hypersonique quand il peut atteindre plus de cinq fois la vitesse du son, soit plus de 6000 km/h.

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Ce tir avait eu lieu pendant que le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken était en visite en Corée du Sud. Lors de son voyage, il a affirmé que la Russie et Pyongyang travaillaient de plus en plus étroitement sur les technologies spatiales avancées. Antony Blinken a également exprimé des inquiétudes quant à la possibilité que la Russie, membre du Conseil de sécurité des Nations unies disposant d'un droit de veto, accepterait formellement la Corée du Nord en tant qu'Etat nucléaire, ce qui porterait un coup au consensus mondial selon lequel Pyongyang doit mettre un terme à son programme.

Les services de renseignement américains et sud-coréens pensent également que la Corée du Nord a envoyé, à la fin de l'année dernière, des milliers de soldats pour combattre l'Ukraine, ce que ni Moscou ni Pyongyang n'ont confirmé.