ÉDITORIAL. Les flammes sont loin d’être contenues en Californie, mais les Etats désunis d’Amérique recherchent déjà des coupables. Un jeu politique qui occulte le défi fondamental de l’adaptation au changement climatique
Voilà déjà bientôt une semaine que les flammes ravagent Los Angeles, et les brasiers sont toujours loin d’être contenus. Le désastre, qui pourrait être la pire catastrophe naturelle ayant frappé les Etats-Unis, risque encore de s’aggraver ces prochains jours avec le renforcement annoncé des vents contre lesquels les pompiers sont impuissants.
Alors que l’urgence devrait être de lutter contre les flammes et de venir en aide aux sinistrés, les Etats-Unis cherchent frénétiquement des coupables. A ce jeu politique, Donald Trump est le pyromane en chef. Trop heureux de s’en prendre à la Californie, perçue comme l’un des rares contre-pouvoirs à sa présidence imminente, le républicain vilipende l’incurie des autorités locales, à commencer par le gouverneur démocrate Gavin Newsom.
Le futur président dénonce les protections environnementales, qui, selon lui, privilégient la protection des poissons au détriment des habitants de la Cité des Anges. Son fils aîné a, lui, pointé une donation des pompiers de Los Angeles à l’Ukraine en 2022. Quant à Elon Musk, ministre autodésigné de la propagande, il s’en prend aux programmes visant à augmenter la diversité parmi les soldats du feu, une obsession à droite.
Aucune de ces affirmations n’explique l’ampleur des incendies qui ravagent la deuxième ville des Etats-Unis. Une fois que les flammes auront été maîtrisées, les autorités auront à répondre à de vraies questions, comme sur le budget des pompiers, sur la vétusté des canalisations d’eau ou sur le fait que la ville a été prise de court, alors que les risques d’incendie étaient connus.
Il faudra aussi s’attaquer à un défi fondamental: comment se préparer à de telles catastrophes appelées à se multiplier? Les vents qui attisent les flammes sont certes saisonniers, mais ils ont soufflé, avec la force d’un ouragan, sur des collines inexorablement grignotées par les habitations et qui n’ont pas reçu de pluie depuis des mois. La Californie fait face à des sécheresses répétées. Alors que la lutte globale contre le réchauffement climatique patine, les efforts pour s’adapter à une planète surchauffée ne font que commencer.
La riche et avant-gardiste Californie, qui serait la cinquième économie mondiale si elle était indépendante, devra entamer cette réflexion. Sur ce point, elle n’aura aucune aide à attendre ces quatre prochaines années de Washington, où le futur locataire de la Maison-Blanche se réjouit de l’élévation du niveau des océans qui créera «davantage de maisons en bord de mer».