Jugé pour toute une série d’infractions au patrimoine, un stratège des devises reconnaît avoir caché de grosses pertes à ses clients en pensant pouvoir se refaire. Le Ministère public parle d’un «cow-boy de la finance» et réclame 3 ans de prison avec sursis partiel

Il n’a plus rien du brillant forex trader qui réalisait de juteux bénéfices dans l’achat et la vente de devises. A 76 ans, Monsieur F., un des pionniers en la matière à Genève, a tout perdu, sauf sa tchatche et son goût du détail. Jugé depuis lundi par le Tribunal correctionnel, le prévenu se montre intarissable sur le contexte ayant conduit à la faillite de sa société financière, puis à son autodénonciation. Il attribue cette déconfiture à une réglementation de plus en plus draconienne et à la chute historique de la livre sterling qui a suivi la victoire des partisans du Brexit en juin 2016.

Accusé de multiples infractions contre le patrimoine pour avoir caché la débâcle et causé un dommage de quelque 20 millions de francs, l’intéressé, défendu par Me Kevin Saddier, reconnaît l’essentiel des faits, mais plaide l’effort pieux visant à recoller les morceaux. «J’ai été catastrophé et désolé pour tous ces gens qui m’ont fait confiance et qui ont perdu leur argent. C’était l’aspect le plus dur à affronter pour moi.» Des clients qui – hormis une seule plaignante – ont déserté l’audience de jugement. Ruiné après la faillite prononcée en janvier 2018, le prévenu assure avoir préalablement vendu tous ses biens pour faire face. «Cela a amorti la chute, mais cela n’a pas sauvé la société.»

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