CHRONIQUE. Les sports collectifs en disent beaucoup plus sur qui nous sommes comme peuple que ce que l’on pense. Notre dédain à leur égard est une occasion manquée de saisir les finesses de la vie en commun

Habitant depuis quelques mois en ville de Fribourg, je mesure toute la distance qui sépare l’arrivée physique dans un nouvel endroit et le moment où il est permis de prétendre avoir compris le lieu qui nous accueille.

Sans en faire une liste obligatoire, il me semble illusoire de parvenir à saisir l’esprit de la ville sans avoir flâné le long de la Sarine et admiré la vue panoramique depuis le sommet de la tour de la cathédrale Saint-Nicolas. Ses 365 marches et un escalier en colimaçon vous séparent d’un constat étrange: d’ici, vous percevez avec force la grandeur et, en même temps, la fragilité de l’humanité. Sa grandeur car vous vous trouvez en haut d’une construction qui nécessita deux siècles de travaux. Dépassant, en leur survivant, le destin individuel de ceux qui ont souhaité la bâtir sans certitude de la voir un jour terminée. Signalant l’idéal qui veut que l’avenir importe même quand il dépasse notre existence personnelle. Sans être paradoxal, du haut de la cathédrale, vous percevez également la modestie de nos sorts personnels qui semblent dépassés par les forces de la nature. Symbolisées par les Préalpes fribourgeoises. Leur grandeur rend en miroir la ville bien modeste.

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