Les multiples incendies qui font rage à Los Angeles depuis cinq jours, causant au moins seize morts, pourraient s’intensifier dans les prochaines heures avec le retour de vents violents. 150 000 personnes ont déjà été déplacées

Les multiples incendies qui font rage à Los Angeles depuis cinq jours ont fait au moins 16 morts, et se sont étendus samedi à des zones jusqu’à présent épargnées. Assiégée par les flammes depuis mardi, la mégapole américaine continue de compter ses morts: le bilan, qui faisait jusqu’ici état de 11 victimes, s’est alourdi samedi soir. Les incendies pourraient se renforcer dans les heures à venir, avec le retour anticipé des vents violents.

«La situation est toujours critique», a averti dimanche Deanne Criswell, de l’agence fédérale de réponse aux catastrophes naturelles (FEMA). «Les vents risquent de redevenir dangereux», a-t-elle expliqué à la chaîne ABC, appelant la population à rester extrêmement vigilante. «Ces vents, combinés à un air sec et à une végétation sèche, maintiendront la menace d’incendie dans le comté de Los Angeles à un niveau élevé», a averti Anthony Marrone, le chef des pompiers du comté.

«C’est juste bouleversant», a confié Dara Danton, une habitante du quartier huppé de Pacific Palisades, le premier à avoir pris feu mardi. «Tous nos amis, mes meilleurs amis, ont perdu leur maison, et nous aussi», soupire-t-elle en regardant tristement son mari. Le couple, qui vivait là depuis 25 ans, fait partie des plus de 150 000 personnes forcées de fuir face aux flammes de la région.

Le feu menace une vallée densément peuplée

Malgré les efforts de milliers de pompiers à pied d’œuvre, le «Palisades Fire» s’est étendu samedi au nord-ouest de Los Angeles. Il menace désormais la vallée densément peuplée de San Fernando, mais aussi le musée Getty et ses œuvres d’art inestimables.

Un escalier est laissé partiellement debout dans une propriété à la suite de l'incendie de Palisades dans le quartier de Pacific Palisades à Los Angeles, le 10 janvier 2025. — © John Locher / keystone-sda.ch
Un escalier est laissé partiellement debout dans une propriété à la suite de l'incendie de Palisades dans le quartier de Pacific Palisades à Los Angeles, le 10 janvier 2025. — © John Locher / keystone-sda.ch

Les soldats du feu ont bénéficié d’une accalmie des vents ces trois derniers jours. Mais les rafales doivent de nouveau forcir ce week-end. «Ces vents, combinés à un air sec et à une végétation sèche, maintiendront la menace d’incendie dans le comté de Los Angeles à un niveau élevé», a averti Anthony Marrone, le chef des pompiers du comté.

«Notre ville nous a complètement laissé tomber»

La Cité des Anges rejoue des scènes qu’elle n’avait plus vécues depuis la pandémie. Ses bouchons légendaires ont disparu et les habitants qui s’aventurent dehors portent souvent des masques, pour se protéger de l’air vicié par les fumées toxiques.

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Nombre d’entre eux commencent à questionner la gestion des autorités, notamment car les pompiers ont parfois dû composer avec des bouches d’incendie vides ou avec une faible pression. «Notre ville nous a complètement laissé tomber», a estimé Nicole Perri, une autre habitante de Pacific Palisades ayant perdu sa maison.

Très critiquée, la maire de Los Angeles, Karen Bass, a assuré samedi que ses services sont «tous sur la même longueur d’ondes». La veille, la cheffe des pompiers de la ville avait pointé le budget insuffisant alloué par la municipalité aux soldats du feu. Le gouverneur démocrate de l’Etat le plus peuplé du pays, Gavin Newsom, a demandé vendredi «un examen indépendant complet» des services de distribution d’eau de la ville.

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Des évacués font face à un casse-tête pour se reloger avec un bond vertigineux des tarifs des locations. Samedi, le procureur général de l’Etat, a rappelé que le gonflement artificiel des prix est un «crime passible d’un an de prison et de 10 000 dollars d’amende».

Un couvre-feu strict et des barrages

Face aux pillages dans les zones sinistrées ou évacuées, un strict couvre-feu, en vigueur entre 18h et 6h du matin a été décrété vendredi par les autorités dans les secteurs de Pacific Palisades et Altadena, les plus ravagés.

De quoi frustrer certains, déjà échaudés par certaines alertes d’évacuation envoyées par erreur sur les smartphones de milliers de personnes. Vendredi, de nombreuses personnes argumentaient avec la police et les militaires de la Garde nationale, sur les barrages les empêchant de rentrer chez eux. «Mon père est diabétique et il a besoin de l’insuline qu’on a laissé à la maison», a expliqué Jennifer Aguilera, les larmes aux yeux.

Une vue aérienne montre la fumée de l'incendie de forêt de Palisades au-dessus de Los Angeles, Californie, États-Unis, 10 janvier 2025. — © CAROLINE BREHMAN / keystone-sda.ch
Une vue aérienne montre la fumée de l'incendie de forêt de Palisades au-dessus de Los Angeles, Californie, États-Unis, 10 janvier 2025. — © CAROLINE BREHMAN / keystone-sda.ch

Le feu a jusqu’ici détruit ou endommagés plus de «12 000» structures. Un chiffre qui inclut des bâtiments, mais aussi des voitures, ont précisé samedi les autorités. La facture devrait se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, et certains experts redoutent déjà que ces incendies soient les plus coûteux jamais enregistrés.

Les secouristes continuent d’inspecter les décombres

Des secouristes assistés de chiens renifleurs continuent d’inspecter les décombres à la recherche de corps ou de restes humains. Le bilan pourrait encore s’alourdir, selon les autorités.

L’enquête pour déterminer les causes de ces multiples incendies, à laquelle participe le FBI, est toujours en cours, a rappelé samedi le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna. «Nous ne négligerons aucune piste», a-t-il assuré. «S’il s’agit d’un acte criminel - je ne dis pas que c’est le cas -, […] nous devons mettre la main sur le ou les responsables.»

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Les vents chauds et secs de Santa Ana qui ont attisé ces incendies sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales jusqu’à 160 km/h cette semaine.

De quoi propager les braises très rapidement, parfois sur des kilomètres. Un scénario cauchemardesque pour les pompiers, car la Califonie sort de deux années très pluvieuses qui ont fait naître une végétation luxuriante, désormais asséchée par un manque de pluie criant depuis huit mois.

Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.