Grand classique de la littérature suisse et germanophone du XIXe siècle, ce roman de formation aborde des thématiques qui résonnent pour le lecteur d’aujourd’hui. Le traducteur Lionel Felchlin et le germaniste Dominik Müller nous livrent leurs clés de lecture
Le Suisse Gottfried Keller (1819-1890) s’inspira de sa propre biographie pour inventer l’histoire d’Henri Lee, dit «Henri le Vert», jeune fanfaron avec lequel la vie n’est pas tendre. Cet ambitieux roman de formation, considéré comme une œuvre capitale de la littérature germanophone, a connu deux versions. Keller écrivit la première à Berlin au milieu du XIXe siècle. Insatisfait, il remania son livre de fond en comble à Zurich et le republia en 1879-1880. C’est cette seconde version qui reparaît aujourd’hui en français aux Editions Zoé. Il était temps de s’atteler au travail colossal de retraduction (près de 900 pages) de ce classique: les deux traductions françaises disponibles dataient de 1933 et 1946 et accusaient leur âge. Maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Genève, Dominik Müller signe la postface du roman et en éclaire la portée et les enjeux.