Ils s’étaient rencontrés autour de leur professeur de piano. La Chica et El Duende se sont retrouvés le temps d’un disque pour rendre hommage à leurs proches disparus et célébrer le feu de la vie. Lumière sur ce duo aux racines latinos et à l’alchimie cathartique
Elle, c’est La Chica. Aura de pythie, chevelure d’un rouge flamboyant, Sophie Fustec de son vrai nom, chanteuse, pianiste et compositrice, esquisse un rictus quand on lui demande qui elle est. «Bien vaste question. Par rapport à qui et à quoi?» Par rapport à la musique, se risque-t-on. «Je me considère comme une artiste poète sur cette planète.» Ses yeux clairs et la finesse de ses traits laissent poindre une forme d’intranquillité douce, de concentration grave.
Dans son disque Cambio paru en 2019, suivi de La Loba en 2020, la musicienne floute nos perceptions, les sons se dédoublent. Dans les contours de ses instrumentations, sa voix trouble comme un sortilège. En l’écoutant, on songe à L’Infini turbulent d’Henri Michaux, car la musique de La Chica insuffle la même puissance du vertige. De ses rythmiques labyrinthiques à des collages sonores façon street art, La Chica réinterprète aussi le chant Canto Del Pilon (les chants de pilon), qui rappelle le broyage du maïs et puise ses racines dans les traditions indigènes pour invoquer les dieux ou apaiser les esprits.
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