CHRONIQUE. Qui gouverne les Etats-Unis? A l’image des chimères de la mythologie, la prochaine présidence américaine pourrait s’incarner par l’association de deux génies singuliers. Deux hommes d’affaires devenus inséparables. Mais pour combien de temps?

A la cérémonie d’ouverture de Notre-Dame, le 7 décembre dernier, Donald Trump était assis sur le premier banc aux côtés du président français, alors qu’Elon Musk tendait la tête pour tenter de prendre la lumière quelques rangées plus loin. Une saine hiérarchie semblait régner au son des envolées parfois endiablées des organistes. L’Eglise s’y connaît en matière de rang. Mais que faisait «l’homme le plus riche du monde» dans les travées réservées aux chefs de gouvernement ou représentants des Etats invités à la résurrection de la cathédrale qui renferme la «couronne du Christ», le messie des pauvres? Usurpateur ou légitime présence?

Depuis la victoire électorale de Donald Trump, le 5 novembre, Elon Musk n’a pas seulement emménagé à Mar-a-Lago, citadelle du pouvoir trumpien, il gouverne à sa façon. Il dicte l’agenda républicain au Congrès (sur le budget), il mène une diplomatie parallèle (en rencontrant des chefs d’Etat), il bouscule les alliés des Etats-Unis (soutien à Moscou et aux extrêmes droites européennes) et met au pas l’économie (soumission de la Silicon Valley). Avec l’aval du président élu. En parfaite harmonie. Sur son réseau social, Donald Trump se languit de son «meilleur ami» lorsqu’il s’absente quelques jours de Floride.