La jeune génération est devenue la plus nostalgique de toutes celles qui sont passées avant elle. De la mode à la musique, elle se réapproprie les codes de décennies qu’elle n’a pas connues. Décryptage d’une nouvelle mélancolie symptomatique des bouleversements actuels

A 18 ans, Léo semble intarissable sur tout ce qu’il considère comme les égarements de son époque. «Ma génération n’a plus de références communes. Avec les algorithmes, chacun a ses suggestions et ses stars que personne d’autre ne connaît, se désole-t-il. Et puis tout est dématérialisé. Avant, il y avait des disques, on pouvait littéralement toucher la musique. Les films d’autrefois avaient aussi du grain, alors que l’intelligence artificielle uniformise tout. Sur Instagram, il existe même des filtres pour redonner un rendu argentique à ses vidéos». Sa période fétiche? «Les années 1990, quand on savait vivre sans smartphone», lance-t-il avec ferveur.

Et il suffit de jeter un œil aux réseaux sociaux pour constater que Léo n’est pas le seul à vouer un culte aux décennies précédentes. Sur TikTok et Instagram, les 18-25 ans s’en réapproprient même tous les codes, entre adolescents listant leurs morceaux favoris des «années grunges», et influenceuses reproduisant avec art les looks des séries phares de cette ère, de Friends à Buffy contre les vampires.