Deux victimes, des dizaines de milliers de personnes fuyant les zones touchées: la situation s’aggrave en Californie. Et la tension politique, avivée par Donald Trump qui veut couper l’aide fédérale à la lutte contre les incendies, va s’aviver
Deux personnes sont mortes et de nombreuses autres ont été blessées dans les violents incendies qui sévissent mercredi à Los Angeles et ont forcé des dizaines de milliers d’habitants à fuir sous la menace de vents de la puissance d’un ouragan.
Les pompiers luttent contre trois incendies simultanés dans l’agglomération californienne, notamment à Pacific Palisades, un quartier huppé où résident des célébrités hollywoodiennes.
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Ce feu, qui dégage un impressionnant nuage de fumée, s’est déclaré en fin de matinée mardi et avait déjà parcouru plus de 2000 hectares mercredi matin, détruisant sur son passage quelque 1000 bâtiments, d’après le chef des pompiers du comté de Los Angeles, Anthony Marrone. Devant des journalistes, il a aussi dressé un premier bilan humain des trois sinistres: «Malheureusement, nous déplorons deux décès de civils, dont la cause est inconnue à ce stade, et comptons de nombreux blessés graves».
Au moins un pompier a par ailleurs été blessé en luttant contre les flammes, selon les médias américains.
A l’aube, un vaste pan de fumée s’élevait au-dessus de Los Angeles, avec l’odeur âcre du brûlé dans l’air. La maire de la ville Karen Bass a averti mercredi sur X que «la tempête de vent devrait s’aggraver tout au long de la matinée».
Des vents chauds de Santa Ana, typiques de l’hiver californien, doivent souffler jusqu’à 160 km/h dans la région mercredi, selon les services météorologiques américains (NWS). De quoi propager les flammes très rapidement et poser un «danger mortel».
Les pompiers doivent lutter sur plusieurs fronts: mardi soir, un incendie s’est déclaré près de Pasadena, au nord de Los Angeles, et a rapidement ravagé plus de 400 hectares, selon l’agence CalFire. Un troisième brûle autour de Santa Clarita, au nord de la mégalopole.
Pour accéder à l’incendie à Pacific Palisades, un quartier peuplé de villas à plusieurs millions de dollars, les pompiers ont dû utiliser des bulldozers pour dégager des dizaines de véhicules abandonnées sur la chaussée – dont de coûteux modèles BMW, Tesla ou Mercedes –, laissant des carcasses écrasées aux alarmes hurlantes sur le bord de la route.
Our deck three minutes ago. pic.twitter.com/KpZDELpN8L
— James Woods (@RealJamesWoods) January 7, 2025
L’acteur James Woods a posté mardi une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des flammes engloutissant des arbres et des buissons près de sa maison, alors qu’il s’apprêtait à évacuer. «Je n’arrivais pas à croire que notre charmante petite maison dans les collines ait tenu aussi longtemps. C’est comme perdre un être cher», a écrit l’acteur.
Des événements ont été annulés dans toute la région en raison des incendies. Les nominations aux Screen Actors Guild Awards (SAG), récompenses du syndicat des acteurs américains, considérées comme un bon indicateur pour les Oscars, ont ainsi été annoncées par communiqué de presse et non lors d’une cérémonie, comme prévu initialement.
La première du nouveau film de Jennifer Lopez, Unstoppable, qui devait avoir lieu mardi soir, a également été annulée.
Au matin du 8 janvier 2025 (heure suisse): Un incendie ravageur provoque l’évacuation de 30 000 personnes aux portes de Los Angeles
Les gros incendies hivernaux sont très rares en Californie. La base des catastrophes de l’université de Louvain n’en recense que deux depuis 2000: le Thomas Fire en 2017 (1102 km2) et le Gavilan Fire de 2002, beaucoup moins étendu (23 km2) mais qui avait provoqué des évacuations et fait des blessés légers.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.
Proche allié du président élu Donald Trump, le milliardaire Elon Musk a estimé mercredi sur son réseau social X que «ces incendies sont facilement évitables, mais des réglementations absurdes en Californie empêchent toute action».
En novembre dernier, quelques jours après son élection, Donald Trump avait évoqué l’idée de couper les aides fédérales à la Californie, dédiées à la lutte contre les feux. Une revue de presse de France culture rappelait que «Donald Trump menace depuis au moins 5 ans de priver la Californie de fonds pour les catastrophes, si l’État n’arrête pas ses politiques environnementales», selon Politico. Une façon de séduire les agriculteurs de Central Valley, analyse le journal politique.
Pendant sa campagne en septembre, souligne le New York Times toujours cité par France culture, le milliardaire pour qui le réchauffement climatique est un «canular», avait prévenu: s’il est élu président, il suspendra l’aide fédérale à la lutte contre les incendies de forêt en Californie, si le gouverneur Gavin Newsom n’accepte pas de détourner davantage d’eau vers les terrains agricoles de l’État, plutôt que de la laisser s’écouler vers l’océan Pacifique, une mesure mise en place en faveur de l’environnement pour protéger des espèces en voie de disparition.
Mardi, le président Joe Biden a approuvé des aides fédérales pour la deuxième ville des Etats-Unis.