En refusant d’exclure une intervention militaire pour s’emparer du Groenland, le futur président républicain a provoqué des réactions courroucées au sein de l’OTAN dont fait partie ce territoire semi-autonome. Certains y voient un encouragement à Xi Jinping à conquérir Taïwan
Avec la guerre en Ukraine, l’OTAN a renforcé ses dispositifs pour faire face à une menace de Moscou. Et pourtant moins de deux semaines avant l’investiture de Donald Trump, l’inquiétude de l’Alliance atlantique est d’un tout autre ordre: elle provient des Etats-Unis, le navire amiral de l’organisation de défense militaire. Les propos en apparence farfelus tenus par le futur président républicain lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago sur le Groenland ont choqué. Donald Trump a refusé d’exclure de recourir à l’armée pour s’emparer du canal de Panama, mais aussi du Groenland. Territoire semi-autonome, ce dernier appartient au Danemark depuis 1721 et fait du coup partie de l’OTAN. Il a même eu droit à son premier représentant auprès de l’Alliance atlantique à Bruxelles à partir de 2023.
Dans ce type de circonstances, les chancelleries hésitent toujours. Faut-il riposter ou passer sous silence les déclarations intempestives de Trump? Le Danemark connaît bien le milliardaire. La première ministre danoise, Mette Frederiksen, était déjà à la tête du gouvernement danois en 2019 quand Donald Trump avait exprimé sa volonté de mettre la main sur le Groenland. Peu après les élucubrations de ce dernier mardi, elle a déclaré sobrement: «Le soutien des habitants du Groenland est fort pour dire qu’il n’est pas à vendre et qu’il ne le sera pas à l’avenir.»
Au sein de l’Alliance atlantique, ses membres ne cachent pas leur agacement. Car si le plan de Trump devait être exécuté, il saperait toute l’assise de l’OTAN. En vertu de l’article 5 de la Charte atlantique, si le Groenland était attaqué, les pays de l’Alliance devraient intervenir pour le défendre. C’est le principe de défense mutuelle. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a choisi de riposter. S’il ne croit pas à une intervention militaire orchestrée par la seconde administration Trump, il met toutefois en garde: «Il est hors de question que l’Union européenne laisse d’autres pays dans le monde, quels qu’ils soient, attaquer ses frontières souveraines.»
Aux Etats-Unis, tous ceux qui ont voté pour Donald Trump parce qu’il promettait de mettre fin aux guerres dans lesquelles l’Amérique était impliquée s’étonnent des élans impérialistes du futur président. A Washington, les déclarations de Trump sur le Groenland suscitent de vives inquiétudes. Elles pourraient encourager les présidents russe et chinois Vladimir Poutine et Xi Jinping à conquérir respectivement la totalité de l’Ukraine et Taïwan.