Les oppositions de quatre riverains quant au projet de stade d’arrivée au pied de la piste Nationale n’ont toujours pas trouvé d’épilogue. Si la situation perdure jusqu’au printemps et que les travaux ne peuvent commencer, l’organisation des Mondiaux pourrait être remise en question

Environ 3,8 kilomètres et 970 mètres de dénivelés pour près de 2 minutes de descente. Fin février, les meilleurs skieurs du monde dévaleront la piste Nationale, à Crans-Montana. Une première depuis 2012. Et il faut même remonter à 1987 pour voir des descendeurs prendre le départ depuis le sommet, à Bella Lui. A six semaines de l’événement, la piste est déjà prête, assurent les organisateurs. «La couche de neige est suffisante sur toute la longueur et toute la largeur de la piste.» De quoi appréhender avec sérénité ces courses masculines qui, cette année, remplacent les épreuves féminines prenant habituellement place sur la piste du Mont-Lachaux. Mais pour les organisateurs, cette étape du cirque blanc, comme celle prévue l’an prochain, ne sont pas de simples courses. Elles sont aussi synonymes de répétition en vue des championnats du monde que la station accueillera en février 2027. A moins que…

«Il reste des questions en suspens», a souligné devant la presse Didier Défago, le directeur général de l’association Crans-Montana 2027. Source de tension durant plusieurs mois, la signature du contrat liant la station à la Fédération internationale de ski (FIS), en septembre dernier, n’a pas supprimé toutes les incertitudes. Président de la commune et vice-président du comité d’organisation, Nicolas Féraud a ajouté espérer que tous les héritages matériels liés à ces championnats du monde pourraient voir le jour.

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Un stade d’arrivée et des oppositions

Dans la salle de presse, tous les journalistes ont saisi de quel dossier parlent les deux hommes, sans le citer: le stade d’arrivée de la Nationale. En vue des Mondiaux, le bâtiment de chronométrage construit pour les épreuves de 1987 doit être rénové et transformé. De plus, un hangar en sous-sol doit être construit pour accueillir notamment les cars nécessaires à la production télévisuelle. Montant des travaux: quelque 12 millions de francs. Les contrats avec les entreprises ont tous été signés. Mais tous comportent une clause stipulant qu’ils ne seront peut-être jamais réalisés. Et pour cause: quatre riverains, propriétaires de résidence secondaires jouxtant le site, s’opposent à ce projet. Un litige qui, s’il n’est pas réglé avant le printemps empêchant ainsi le commencement des travaux, pourrait remettre en question l’organisation des championnats du monde dans la station du Haut-Plateau.

Fin novembre dernier, Michel Vion, le secrétaire général de la FIS, indiquait à nos collègues de Ski Actu suivre le dossier de près. Il précisait que si les travaux n’avaient pas démarré d’ici le mois de mai, la FIS fixerait alors une date limite, «car on ne peut se permettre, deux ans avant l’événement, de ne pas être prêts». Rappelant que la fédération internationale a déjà fait beaucoup de concessions, il insistait sur le fait que «a minima, cette zone d’arrivée doit être construite». Et d’ajouter: «On ne peut avoir des infrastructures qui ne correspondent pas aux standards des Championnats du monde, avec des protocoles et des cahiers des charges bien établis. Sinon, on organise une simple Coupe du monde.»

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Recours au TF ou règlement à l’amiable?

Le message est limpide. Est-il synonyme de coup de pression? «Le stress est là, pour tout le monde. Le timing est serré, mais nous sommes encore dans les temps, il n’y a pas de raison de s’alarmer», assure Nicolas Féraud. En coulisses, les négociations avec les opposants au projet se poursuivent, en parallèle de la procédure judiciaire. Tant le Conseil d'Etat valaisan que le tribunal cantonal ont débouté les opposants dans leur demande d’obtenir un effet suspensif aux travaux, indique Nicolas Féraud. Mais un recours au tribunal fédéral est toujours possible. La plus autorité judiciaire du pays sera-t-elle saisie? L’avocat des opposants n’a pas retourné notre appel, avant la publication de cet article.

Cheffe de section du Secrétariat cantonal des constructions et police des constructions, Patricia Katic nous confirme que, «les travaux mentionnés dans l’autorisation de construire – à savoir la transformation du bâtiment existant et la construction d’un niveau souterrain – pourraient être entrepris s’il n’y a aucun effet suspensif». Les organisateurs sont donc dans l’expectative de la décision des opposants. «Mais je refuse d’anticiper un échec aux discussions que nous menons avec eux», glisse Nicolas Féraud. Et le président de commune se veut même optimiste quant à une issue favorable à ces discussions. «Les opposants ont listé dix-sept revendications auxquelles nous avons répondu favorablement, précise l’élu PLR. Nous espérons ainsi trouver un accord amical. Si ce n’est malheureusement pas le cas et que le TF doit se prononcer sur le dossier, nous lui demanderons de la faire rapidement.»

Pour Nicolas Féraud, la date limite est fixée à mi-mars. Si à ce moment-là, le dossier du stade d’arrivée n’a pas été réglé, une séance avec la FIS s’imposera «pour faire le point». Actuellement, la fédération internationale de ski n’a aucun plan B, certifiait Michel Vion à Ski Actu en novembre. «Mais, ajoutait-il, si nous constatons que Crans-Montana ne trouve pas de solution, il faudra en établir un rapidement». Sur le Haut-Plateau, tout le monde espère que la FIS n’aura pas à imaginer un plan B. Nicolas Féraud n’y pense même pas. Pour lui, il ne fait aucun doute que «les championnats du monde de 2027 auront lieu à Crans-Montana.»