OPINION. L’histoire de la Crimée, donnée par Khrouchtchev à l’Ukraine en 1954 alors que la péninsule était russe depuis la fin du XVIIIe siècle, passe aussi par le Congrès de Vienne de 1815, rappelle l’historien Georges Assima, biographe de Napoléon III

Un grand nombre de femmes et d’hommes en Ukraine, comme dans le reste du monde, espèrent que la paix descendra sur la terre en 2025. Non sans avoir surmonté une des principales hypothèques entravant son avènement, à savoir le sort de la Crimée. Or les graines les plus anciennes de cette pomme de discorde entre ce pays et la Russie de Poutine semblent avoir été plantées il y a fort longtemps déjà, au Congrès de Vienne en 1815. Celui-ci a su rendre aux monarques de droit divin leur légitimité et aux peuples les délices du temps long. Dans un package ficelé à l’échelle d’un continent, la presqu’île de la mer Noire, rattachée à toutes les autres Russie par Catherine II en 1783, se trouvait être attribuée à cette dernière par le droit international. En même temps que les Congressmen confiaient le canton et principauté de Neuchâtel aux bons soins du roi de Prusse et présidaient, par la même occasion, à la création de la Confédération du Pacte fédéral de 1815.

L’empereur Napoléon Ier ayant été mis sur la touche, le Congrès de Vienne se devait d’assurer la paix sur le continent européen pour le reste des temps et en l’état. C’était compter sans l’explosion d’une guerre mondiale embrasant toute la planète quelques décennies plus tard. Peut-être la générale de celles du XXe siècle: la guerre de Crimée. Elle durera bien trois ans, de 1853 à 1856. Elle mobilisera l’Empire russe de l’Alaska à Varsovie, l’Empire français de Dunkerque à Tamanrasset et même au-delà, l’Empire ottoman du Danube à l’océan Indien et tout autant l’Empire britannique. En bref, notre bonne vieille planète de la Nouvelle-Zélande au Canada, avec les Etats-Unis en moins, pas encore tout à fait unis, mais avec en plus le Royaume de Piémont-Sardaigne, pas encore devenu le Royaume d’Italie, sans oublier le Royaume de Tunis.

Voir plus