Après l’assaut meurtrier à la voiture-bélier, les autorités reconnaissent une défaillance du dispositif de sécurité. La raison tient à des travaux de rénovation

Quelques heures après l’attaque à la voiture-bélier qui a fait 15 morts à La Nouvelle-Orléans, une première polémique a rapidement émergé. Le dispositif de sécurité était-il suffisant et surtout efficace?

L’assaillant est parvenu à contourner une voiture de police et à s’engouffrer à grande vitesse avec son pick-up dans la rue piétonne de Bourbon Street où il a délibérément foncé sur la foule. Une expédition sanglante menée avec une facilité déconcertante, plusieurs témoins ayant déclaré au New York Times que le véhicule avait franchi ou évité facilement les modestes barrières qui se trouvaient sur sa route.

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De fait, le dispositif qui protège habituellement cette artère très fréquentée située au cœur du «Vieux Carré», le célèbre quartier français, n’était pas opérationnel, ont reconnu les autorités lors d’une conférence de presse mercredi soir (jeudi matin en Suisse). Selon la maire de La Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell, les bornes en acier qui empêchent habituellement les voitures de pénétrer dans le secteur n’étaient pas en place au moment de l’attaque.

Travaux de réparation pour renforcer la sécurité

Installés en 2017 aux différentes intersections du quartier français, les potelets rétractables et ajustables sont en cours de remplacement, note l’agence AP. Commencés le 18 novembre, ces travaux visent à retirer toutes les anciennes bornes et à en installer de nouvelles en acier inoxydables, comme le mentionne le site de la ville.

Certains des anciens potelets «s’étaient révélés peu fiables et n’étaient plus opérationnels», a indiqué la ville dans un communiqué mercredi après-midi, selon AP. Ironie du sort, ces travaux doivent se terminer d’ici quelques semaines, afin de garantir une sécurité maximale des lieux lors du Super Bowl que la ville accueillera au mois de février.

La rue de Bourbon Street, au coeur du quartier français de La Nouvelle-Orléans, le 25 février 2019. — © Infrogmation of New Orleans (Wikimedia Commons CC)
La rue de Bourbon Street, au coeur du quartier français de La Nouvelle-Orléans, le 25 février 2019. — © Infrogmation of New Orleans (Wikimedia Commons CC)

La ville précise dans son communiqué avoir procédé dans l’intervalle à l’installation de barrières provisoires accompagnée d’un dispositif policier, afin de sécuriser les rues et filtrer l’accès des véhicules. Un dispositif d’ailleurs renforcé pour le réveillon du Nouvel An aux dires d’Anne Kirkpatrick, directrice de la police de La Nouvelle-Orléans, lors de la conférence de presse de mercredi soir.

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Elle a ainsi déclaré que la ville avait notamment déployé plus de 300 agents. Dans une interview accordée au Times-Picayune en début de semaine, elle a précisé que ces agents seraient épaulés par 60 membres de la police d’État de Louisiane. «Nous avions effectivement un plan, mais le terroriste l’a mis en échec» en passant par le trottoir pour contourner un véhicule de la police pourtant stratégiquement stationné, selon les déclarations d’Anne Kirkpatrick relayées par le Washington Post et le New York Times.

Le risque zéro n’existe pas

Le fait que la ville décide d’installer de nouvelles bornes plus solides démontre qu’elle avait anticipé ce type d’attaques. De fait, depuis la série d’attentats au véhicule-bélier il y a 7-8 ans, dont celles particulièrement meurtrières de Nice le 14 juillet 2016, de Berlin en décembre de la même année et de Barcelone en août 2017, les villes du monde entier ont renforcé leur dispositif de sécurité autour des espaces très fréquentés.

Si des potelets ou des blocs de béton peuvent être un outil efficace pour empêcher d’éventuels assaillants de foncer sur la foule, le risque zéro n’existe pas. La récente attaque de Magdebourg, en Allemagne, démontre qu’empêcher totalement ce genre d’événements relève de la gageure. L’auteur était parvenu à pénétrer dans l’enceinte sécurisée du marché via l’accès prévu pour les véhicules de secours.

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Il n’y a pas de réponse unique pour éviter ce genre d’attaques, rappelle le Washington Post. A charge des autorités de déterminer quels espaces publics doivent disposer d’une sécurité renforcée en fonction de leur capacité à réunir des foules.

Le gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, a déclaré lors de la conférence de presse de mercredi qu’une solution durable était en cours d’élaboration. Rappelons qu’outre le Super Bowl en février, La Nouvelle-Orléans s’apprête à accueillir ce jeudi (vendredi en Suisse) près de 80 000 personnes lors du Sugar Bowl, les quarts de finale des play-off de la saison universitaire de football américain, et le défilé de Mardi Gras, le carnaval en mars.

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