OPINION. L’accueil planétaire qu’a reçu la réouverture de Notre-Dame de Paris ne dit rien des profondes modifications du statut des religions et de leur ouverture dans les sociétés occidentales, écrit le sociologue des religions Roland Campiche

Les années 1960 sont cruciales pour comprendre le changement religieux qui s’est amorcé durant cette décennie. Comme souvent, la guerre et l’après-guerre enregistrent une stabilité, voire une augmentation des pratiques religieuses. Ce fut le cas en Suisse. Mais un certain nombre d’événements vont progressivement changer la donne.

En 1961 a lieu la Conférence du Conseil œcuménique des Eglises à New Delhi. Le thème en est la paroisse missionnaire et, élément nouveau significatif, la réflexion tient compte des acquis des sciences sociales. Fait intéressant: en 1962 commence le concile Vatican II dont les débats prennent également en considération les données des sciences sociales. Le tournant qui s’amorce des deux côtés vise à l’émergence d’Eglises plus ouvertes au changement sociétal et surtout plus conscientes de leurs responsabilités civiques. En 1965 a lieu la conférence Eglise et Société du COE à Genève, qui souligne le devoir d’aide aux pays dits en voie de développement et peu après, le pape sort son encyclique Populorum progressio, qui vise le même but. Mais, paradoxalement, les deux Eglises sont secouées par des critiques virulentes quant à leur conservatisme et leur autoritarisme, Mai 68 est proche! La société secoue le joug d’un pouvoir religieux lourd et peu attractif.

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